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éditiondu 28 novembre). L'occasion sera. donc, pour ficeler les derniers détails et . faire le bilan des actions précédentes pour. définir une feuille de route avec laquelle le. Front mÚ-nera son combat. La contestation de rue a déjà repris, comme l'atteste cette série de marches suivies. de sit-in devant les siÚges des wilayas. A. l'issue de la réunion du 10 décembre
AprĂšs sans Di Maria, Matuidi, et Zlatan (et Ă une moindre mesure Silva et Aurier, parce que bon, Marquinhos et Van der Wiel ont fait le taf), c'est clairement pas le mĂȘme PSG. On a bien vu la diffĂ©rence quand Di Maria et Lucas sont rentrĂ©s (pour signer le contre assassin dĂ©cisif :emo:). Lavezzi n'est que l'ombre de lui-mĂȘme, et Cavani c'est un peu le Beauvue parisien
Eneffet, je suis constamment a la chasse aux éditions limitées. Une belle piÚce. Florian D. 5. Avis Il se fait connaßtre sur la toile grùce à son freestyle « PSG (Matuidi charo) » avec +20 millions de vues suivant d'une série de vidéos qui cumule à ce jour plus de 50 millions de vues. Le Buzz rap hardore de l'année 2015 rentre #1 des ventes digitales et top3 du classement
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LaCoupe du monde de football en Russie à travers notre envoyé spécial sur place Davy Gounel, c'est l'expérience immersive, en vidéos, que
Site De Rencontre Belge Gratuit Non Payant. â â â En prĂ©ambule du rĂ©cit de mon aventure en 2018, voici ci-dessous le film de ma diagonale des fous 2019, en camĂ©ra embarquĂ©e !Lien â â â â â â â â9 Avril 2017. Je termine difficilement mon premier marathon de Paris et forcĂ©ment, me jure que âplus jamaisâ. Pourtant 558 jours plus tard, je me retrouve Ă lâautre bout du monde au dĂ©part de la course la plus dure du monde la Diagonale des fous. 168 km, 10 000 mĂštres de dĂ©nivelĂ© positif et vais tenter de vous raconter lâaventure que jâai vĂ©cue avant, pendant et aprĂšs la course, mais je ne peux pas garantir une retranscription immersive. Il nâexiste malheureusement pas de mots pour dĂ©crire les maux que lâon peut ressentir pendant plus de 2 jours, les Ă©motions qui nous traversent lorsque lâon met son corps et sa tĂȘte Ă si rude Ă©preuve, et lorsque lâon va jusquâau lâĂ©cris avant tout pour moi, pour garder une trace indĂ©lĂ©bile de quelque chose qui est trop gros pour ĂȘtre intĂ©gralement digĂ©rĂ© par le cerveau, mais aussi pour ceux qui mâont suivi, ceux qui sây intĂ©ressent, ceux qui voudront se lancer dans quelque chose dâaussi 14 Octobre 2018, J-4 avant la courseCe matin, câest le dernier jour dâune prĂ©paration de presque 1 an. Je profite du week-end chez mes parents pour faire un dernier 10 km avec mon pĂšre dans les bois de lâĂpau, au Mans. Je nâai ni lâenvie, ni les jambes, ni le coeur à ça. Je suis Ă©puisĂ©. Toujours gĂȘnĂ© par ma jambe droite douloureuse au niveau psoas et du genou depuis 6 semaines. Mon corps et ma tĂȘte sont sur le fil du mon 143Ăšme jour dâentrainement depuis le 1er Janvier entrainements sur les 286 jours qui se sont Ă©coulĂ©s depuis le dĂ©but de lâannĂ©e. Soit 1 jour dâentrainement sur 2. Si lâon compte en plus les semaines de blessures subies au cours des derniers mois Ă©panchement de la gaine du tendon tibial postĂ©rieur, tendinite de la patte dâoie, dĂ©chirure du mollet droit, contractures, aileron rotulien, syndrome rotulien, les jours de rĂ©cupĂ©ration post course, les empĂȘchements, le travail, la famille... Le ratio augmente la diagonale des fous est un travail de tous les jours. On y consacre le temps libre pour sâentrainer et le temps oĂč lâon ne sâentraine pas pour y penser. Il faut ĂȘtre fou. Ou inconscient. Ou les se prĂ©pare Ă affronter 168 km et 10 000 mĂštres de dĂ©nivelĂ© positif et nĂ©gatif, sans bĂąton, dans un climat humide, des variations de tempĂ©ratures allant de 0 Ă 35 degrĂ©s en quelques heures, des sentiers impraticables la plupart du temps, parsemĂ© de rochers, de pavĂ©s volcaniques, de pierres, de boue, de racines. On a lâimpression que mĂȘme les conditions naturelles ont Ă©tĂ© programmĂ©es avec soin pour ajouter de la tracĂ© minutieusement dessinĂ© pour briser, physiquement et mentalement Ă boucler en 66h maximum une prĂ©pare son corps et sa tĂȘte. SâentraĂźner rĂ©guliĂšrement, tout le temps, longtemps. Courir, pĂ©daler, nager, renforcer, gainer, muscler, Ă©tirer. Souffrir, se blesser, se soigner, se rééduquer. Sortir par temps froid, chaud, sec, humide, pluvieux, gelĂ©, enneigĂ©. Y aller quoi quâil arrive, matins midis soirs et week-ends. Douter, beaucoup. On se pose des questions sans cesse, les mĂȘmes Nâest-ce pas trop ambitieux ? Serai-je soignĂ© Ă temps ? Si je me repose, je vais tout perdre ? Mais si je vais mâentraĂźner je risque de me blesser encore plus ?On fait attention Ă ce que lâon mange. Vous buvez quoi ? Un Perrier tranche sâil vous plait. Ah tu bois pas dâalcool ? Si⊠enfin non, pas maintenant. Un dessert ? Non se prĂ©pare Ă souffrir pendant des heures, Ă ne pas dormir pendant plusieurs jours. On prĂ©pare un Le Mans â Nantes Ă pied avec plus de lâEverest Ă monter et descendre en partant du niveau de la mer. Et quâon se le dise, on sait trĂšs bien que la hauteur de lâEverest ne parle Ă personne, si ce nâest Ă quelques tĂ©mĂ©raires. 10 000 m de dĂ©nivelĂ©, câest 10 km en hauteur. Câest la hauteur de vol dâun avion de ligne. Câest environ 275 fois les escaliers de Montmartre de haut en bas. Câest 33 Tour Eiffel empilĂ©es les unes sur les autres. Ă monter. Et surtout Ă descendre. Avec 168 km en prĂ©pare au mieux le parcours qui nous attend, lâalimentation, lâhydratation, les ravitaillements, les pauses, essayer de prĂ©voir des minutes de sommeil, anticiper les bouchons potentiels, les barriĂšres horaires, lâassistance, les diffĂ©rents scĂ©narios possibles. Il faut essayer de penser Ă tout, ne serait-ce que pour nâavoir Ă se soucier, pendant la course, que de lâ prĂ©visionnel que jâai prĂ©parĂ© km par kmEt enfin, on se prĂ©pare Ă affronter les gens. Les proches qui nous soutiennent mais subissent et Ă qui lâon impose tout ça. Les autres. Affronter les regards, subir les avis et jugements de chacun. Chacun en a un et il faut lâentendre. Les questions, pourquoi tu fais ça ? Pour 1000 raisons. âJe ne comprends pasâ, je sais, tu ne peux pas. Il faut se tenir prĂȘt Ă faire face Ă lâisolement social qui se crĂ©er naturellement Ă force dâentraĂźnement et de rigueur. Ă porter une Ă©tiquette, celle âdu mec qui courtâ. Sâattendre Ă ĂȘtre dĂ©fini comme tel, au moins pour un temps, lâaccepter. Devoir justifier pourquoi on doit sâentraĂźner plutĂŽt que de sortir ce soir. Vous essayerez dâexpliquer pourquoi. Vous sortirez vos plus beaux discours cousus de fil blanc sur lâimportance de se fixer des objectifs ambitieux dans la vie, sur les vertus du dĂ©passement de soi, de sortir de sa zone de confort, de se crĂ©er des histoires Ă raconter pour plus tard. Vous essayerez mais rien nây fera. Ce sera ? Car la marche psychologique est trop haute entre pratiquer un sport hebdomadaire et imaginer se lancer dans la course la plus difficile du monde, presque au dĂ©triment du on ne sây lance pas au hasard. On dĂ©verrouille dâabord des barriĂšres mentales, petit Ă petit. Câest comme tout. En Octobre 2015 quand jâai commencĂ© Ă courir, parcourir un semi marathon 21,1 km me semblait ĂȘtre une hĂ©rĂ©sie. Alors si on mâavait dit que 3 ans aprĂšs je serai prĂȘt Ă affronter 168 km et 10 000 d+/d- âŠPersonne nâa commencĂ© les mathĂ©matiques par des primitives et des intĂ©grales. On apprend dâabord Ă compter, Ă additionner, Ă soustraire, puis multiplier, diviser et ainsi de suite. On y va crescendo, on apprivoise les Ă©tapes. On se lance sur 1 km, puis 5 puis 10, puis 15, 20, 25, 42, 80. Et on se dit quâon peut aller encore plus loin. On se renseigne, on regarde des vidĂ©os. âLui il a lâair comme moi. Sâil lâa fait câest que je peux aussi, non ?â On parle avec des gens. On la Diagonale des fous câest mettre pendant un temps, une partie de sa vie en 16 Octobre 2018, ParisCe soir je serai dans lâavion et dans 2 jours, sur la ligne de dĂ©part de la course la plus dure du monde, Ă 9500 km dâ passĂ© les 48 derniĂšres heures Ă me reposer en essayant dâutiliser mes jambes le moins possible. Jâen ai profitĂ© pour prĂ©parer une playlist de plus de 500 chansons. Ăa fait environ 38h de lecture. Large !Jây ai ajoutĂ© toutes les chansons qui ont un temps soit peu marquĂ© ma vie, toutes celles que jâassocie Ă une pĂ©riode particuliĂšre. Jâai certainement dĂ» en oublier des dizaines mais jâai lâimpression de ne pas ĂȘtre trĂšs loin du compte. Tout ça en vrac. Ăa donne des lectures alĂ©atoires avec des enchainements assez drĂŽles⊠Jean-Jacques Goldman, Eagles, Nino Ferrer, Diamâs, Francis Cabrel, Hans Zimmer, Muse, 1 semaine, je mâalimente essentiellement de pĂątes, de pommes de terre et de riz. JâenchaĂźne les gourdes de Maltodextrine depuis 2 jours pour augmenter les rĂ©serves Ă©nergĂ©tiques de glycogĂšne. Je profite de ma derniĂšre journĂ©e Ă Paris pour aller marcher un peu, faire une derniĂšre cryothĂ©rapie en immersion 4 minutes dans une salle Ă -110°. Jâen ai fait quelques unes dans lâannĂ©e, surtout pour accĂ©lĂ©rer la guĂ©rison des blessures musculaires et tendineuses. Je ne sais pas si câest si efficace quâils le prĂ©tendent, mais on se sent super bien en sortant. Et sur Internet, ils disent que câest hyper bon pour le corps. Effet placebo 2 valises sont prĂȘtes. Lâune est pleine Ă craquer, lâautre un peu moins. En tant que participant au Grand Raid de la RĂ©union, jâai le droit Ă 2 x 20 kg Ă lâaĂ©roport. La premiĂšre valise contient tout le matĂ©riel dont jâaurai besoin pour la course sac, bidons, 2 paires de chaussures, 2 frontales, une veste technique, des t-shirt techniques, des t-shirt seconde peau, 1 cuissard, 1 legging, 1 short de compression, 1 short, 6 paires de chaussettes, 1 porte dossard, Ă©co-cup, 2 x 2,5 mĂštres de bandages, de la crĂšme Nok, de la vaseline, des Compeed, des piles, des barres, compotes, des dolipranes⊠Câest le seconde valise uniquement quelques short, t-shirt, caleçons, trousse de toilettes, maillot de bain. Le minimum. De toute façon si je suis Finisher, je ne lĂącherai pas le t-shirt âJâAI SURVĂCUâ de la semaine qui suivra. Je me dis quâaprĂšs tout ce quâon va traverser, on mĂ©rite bien cette dose dâarrogance pendant quelques dois certainement ĂȘtre lâun des derniers Ă prendre lâavion si tardivement par rapport Ă la course. Je suis Ă 48h du dĂ©part et toujours Ă Paris ce qui va me laisser trĂšs exactement 36 heures et 30 minutes une fois le pied posĂ© sur lâĂźle pour aller chercher mon dossard Ă lâextrĂȘme opposĂ©, mâacclimater et me reposer suffisamment avant le dĂ©part. Câest trĂšs juste, mais je nâavais pas du tout rĂ©alisĂ© cela quand jâai pris mes billets en FĂ©vrier. Tant pis, câest trop tard pour se poser la faire les choses bien telles que lâon me les avait conseillĂ©es, il aurait fallu arriver 5â6 jours avant pour mâhabituer Ă la chaleur, pour aller repĂ©rer certaines parties du parcours et bien me reposer. Encore une fois, tant pis, je dĂ©couvrirai tout sur le tas, au moins il nây aura pas de place pour lâapprĂ©hension sur la je suis Ă lâaĂ©roport avec mes parents dans la salle dâembarquement. On sâamuse Ă scruter les passagers Ă la recherche de potentiels futurs fous... Il nây a quâĂ regarder la morphologie, les montres au poignet et la tenue. Je repĂšre une vingtaine de personnes avec des t-shirt Kalenji. Des familles. Parmi eux, les 3â4 pĂšres de familles ont lâair trĂšs affĂ»tĂ©s. Pour moi ça ne fait aucun doute, ils seront au dĂ©part. Le hasard fait que je me retrouverai en plein milieu de ce groupe de familles dans lâavion. Juste avant le dĂ©collage je mâadresse Ă lâune des mĂšres, je lui demande sâils partent pour le Grand Raid. Elle me rĂ©pond que pas du tout, quâils sont 5 familles Ă partir ensemble et quâils ont louĂ© une villa pour 2 semaines ! Ils ne vont pas sâennuyer⊠Lâun des pĂšres mâentend et ajoute quâil nâoserait jamais se lancer lĂ dedans. Et inĂ©vitablement, me retourne la question. Je rĂ©pond timidement que oui, jây serai avec le dossard 104 et que je compte bien sur eux pour mâencourager. Jâavais sous estimĂ© lâimpact du dossard. Tous les regards se sont tournĂ©s vers moi en mĂȘme temps. Des regards dâadmiration, de curiositĂ©, dâincomprĂ©hension, de âpourquoi tu fais ça ?â. Merde dans quoi je me suis lancĂ©, câest si dur que cela ?La vĂ©ritĂ©, câest que je suis inconscient. Jâimagine bien ça va ĂȘtre dur, jâai Ă©tudiĂ© le parcours km par km en fonction du dĂ©nivelĂ©, jâai vu toutes les vidĂ©os de Youtube. Mais ça ne me fait juste pas assez peur pour ne pas y aller. HonnĂȘtement si jâavais pu, je me serai mĂȘme lancĂ© sur la Diagonale sans faire de trails auparavant, comme ça sans filet. Ce nâest Ă©videmment pas possible heureusement, il faut dâabord valider et terminer 2 courses ouvrant 85 points 1 km = 1 point / 100 m d+ = 1 point. Ce sont dâailleurs les 2 seuls trails que jâai effectuĂ©s dans ma vie LâĂcotrail 80 km le 17 Mars 2018, le Festitrail 81 km le 29 Avril 2018. Et me voici en chemin pour le 3Ăšme, la Diagonale des sens que je mâattire dĂ©jĂ les foudres de traileurs aguerris qui nourrissent le culte de lâeffort progressif et des annĂ©es dâassimilation avant de se lancer sur une telle Ă©preuve. Je respecte Ă©videmment cette façon de faire qui est trĂšs certainement le droit chemin, mais je pense surtout quâil nâexiste pas de rĂšgle. Mes voisins sont un couple de retraitĂ©s adorable. Ils me souhaitent bonne chance et me disent quâils me suivront en direct sur Live Info. Lâavion dĂ©colle Ă 20h, je mâempresse de manger mon plateau repas pour essayer de dormir au Octobre 2018, J-1, AĂ©roport de Roland Garros Saint DenisIl est 8h25 du matin quand nous atterrissons sur le tarmac de Roland Garros. La nuit a Ă©tĂ© saccadĂ©e mais jâai pu dormir 5â6 heures au total, ce nâest pas si mal. MalgrĂ© tout je me sens trĂšs fatiguĂ©. Dans le tunnel qui permet de relier lâavion Ă lâAĂ©roport, jâaperçois pour la premiĂšre fois les hauteurs de lâĂźle et les montagnes qui se dressent devant nous. TrĂšs honnĂȘtement, je ne mâattendais pas Ă ce que ce soit aussi impressionnant visuellement. Les pentes et les cassures sont sĂšches et ça monte trĂšs trĂšs haut. Câest la premiĂšre fois que je me dis âça y est câest concret, tu ne vas pas faire la Diagonale des fous, tu y es maintenantâ. Tes parents sont lĂ pour toi, ta copine est lĂ pour toi, son pĂšre aussi, tu ne peux plus merder. Non mais quâest-ce que je me raconte ? Que je suis capable de rĂ©aliser un tel effort physique ? Tu nâas jamais marchĂ© en montagne de ta vie. Câest ridicule. Les premiers doutes apparaissent, je les chasse aussi prĂ©cisĂ© sur la plateforme du GR que jâarriverais par cet avion pour que lâon vienne mâaccueillir mais Ă©videmment, tout le monde est Ă Saint-Pierre pour la remise des dossards qui a lieu en ce moment mĂȘme. Bah oui Thibault⊠Patrick, le papa de Laura est sur lâĂźle depuis 3 jours dĂ©jĂ , il nous attend avec la voiture ce qui est bien pratique. Ăa nous Ă©vite de perdre plus de temps Ă devoir louer une voiture Ă lâarrivĂ©e. Nous montons dans la voiture, chargĂ©s comme des mules. Waze annonce 1h15 pour rejoindre Saint-Pierre. Il me faudra beaucoup plus demain soir pour relier les 2 points par le milieu de lâĂle... Et surtout il nây aura ni 4 voies, ni voiture. Mes 2 jambes et mes Salomon S/Lab Ă Saint-Pierre; câest jour de fĂȘte. Câest blin-dĂ©. Le village Grand Raid sâest installĂ© sur la place principale et il y a des milliers de personnes qui sont lĂ Ă la file indienne. Je traverse la place en longeant la longue file dâattente, en espĂ©rant y voir le bout mais rien nây fait, elle sâĂ©tale sur des centaines de de y 2 files, celle pour rĂ©cupĂ©rer les dossards qui est quasi vide, et celle des goodies qui, il faut lâadmettre, rencontre un franc mâempresse dâaller chercher mon dossard au stand. DĂ©sormais le 104 nâest plus un numĂ©ro qui traine dans un mail mais bel et bien un papier rĂ©sistant avec Ă©crit en gros âTHIBAULT LOUĂâ au dessus du profil de course qui nous rappellera les courbes sinueuses du 2 dames qui me le remettent me dĂ©visagent sĂ»rement car je suis sans aucun doute lâun des plus jeunes concurrents, la moyenne dâĂąge de la course Ă©tant de 44 ans. Elles me souhaitent bonne chance. Et oui, lâĂąge dâor du trail câest la quarantaine, pour la caisse et la tĂȘte paraĂźt-il. Jâai dâailleurs vu dans le journal que le plus jeune Ă se lancer a 20 ans Ăąge minimum et le plus ancien 72 ans. Respect Ă eux rĂ©cupĂšre mes 3 sacs dâassistance dont je ne me servirai pas ayant le luxe dâĂȘtre assistĂ© personnellement par ma famille. Et je file rĂ©cupĂ©rer lâĂ©quipement officiel, mon t-shirt Grand Raid et mon dĂ©bardeur obligatoire au dĂ©part Ă lâarrivĂ©e. Ouf il reste ma taille⊠Je me dis que mĂȘme si je vais pas au bout, le simple fait dâaller courir avec dans Paris aura de la gueule !Extrait de rejoins la file des goodies qui est trĂšs trĂšs longue. Il fait une chaleur accablante au soleil, je fais attention Ă ne pas me dĂ©shydrater. Pendant lâattente, une bĂ©nĂ©vole vient Ă ma hauteur et me parler dâune application pour les secours âSara 112â. Elle mâexplique le concept. En un clic, on se fait directement gĂ©olocaliser et on entre en contact avec les secours pour quâils puissent nous enseigner les premiers soins en cas de besoin, ou venir nous chercher. Je ne sais pas si câest rassurant ou hyper flippant ? Quoi quâil en soit je la tĂ©lĂ©charge et espĂšre ne pas avoir Ă mâen servir. Au micro, le speaker annonce quâil est Ă cĂŽtĂ© dâune personne spĂ©ciale qui a participĂ© Ă toutes les Ă©ditions du Grand Raid, soit 25 fois ! Wow. Le principal intĂ©ressĂ© le corrige immĂ©diatement. On entend au micro ânon, jâai terminĂ© 25 foisâ. Un dĂ©tail qui vaut le coup dâĂȘtre relevĂ© !Au bout dâune bonne heure dâattente jâarrive vers les stands des partenaires et en effet câest la kermesse. On nous distribue un sac de course et on passe de stand en stand pour rĂ©cupĂ©rer des goodies plus ou moins utiles cache cou, Ă©co-cup, casquettes, savonnettes, gel douche, dentifrice etc. On repart avec un sac rempli de toute sorte de est 12h30, la distribution est terminĂ©e. Je rejoins mes parents et Patrick qui mâattendaient Ă lâombre et nous prenons la direction du port pour aller dĂ©jeuner. Jâai repĂ©rĂ© un petit restaurant qui sert des pĂątes un peu plus bas. Câest mon repas quotidien depuis 2 semaines, on ne change pas une Ă©quipe qui gagne. On sâinstalle terrasse du petit restaurant Ă cĂŽtĂ© dâautre raideurs, et je sens que la fatigue de lâavion prend le dessus. Je nâai quâune hĂąte, que lâon puisse rĂ©cupĂ©rer la location Ă Saint Leu pour dormir. Mon Ă©tat physique mâinquiĂšte sĂ©rieusement. Je commande un plat de spaghettis que jâavale aussi la fin du repas, Nathalie Mauclair et son mari passent juste devant nous. Câest une cliente Nathalie. Double championne du monde, double vainqueur au Grand Raid, gagnante de lâUTMB. Je la connais car elle est mancelle - comme moi - et est cliente lĂ oĂč mon pĂšre travaille. On ne sâest jamais rencontrĂ© physiquement mais nous avons Ă©changĂ© par tĂ©lĂ©phone et par texto Ă plusieurs reprises dans lâannĂ©e. Elle mâa donnĂ© de prĂ©cieux conseils pour prĂ©parer, apprĂ©hender la course et garder la tĂȘte froide. Dâailleurs Ă souligner, quand mon pĂšre lui a dit que je me lançais sur lâĂ©preuve, câest elle qui mâa envoyĂ© un texto pour me dire que lâon pouvait sâappeler pour en parler. Câest dire le fossĂ© quâil existe entre ce sport les autres. Vous imaginez MbappĂ© vous appeler pour vous montrer comment jouer au foot ?Je mâempresse dâaller la saluer. Elle a lâair en pleine forme, câest elle la grande favorite de lâĂ©dition. Elle et son mari savent que je suis un jeune coureur dans tous les sens du terme et quâil faudra ĂȘtre trĂšs costaud physiquement et dans la tĂȘte pour aller au bout. Ils en profitent pour me donner quelques derniers conseils, particuliĂšrement sur le dernier quart de la course. âTout le monde dit quâune fois sorti de Mafate au sommet du MaĂŻdo 115 km on va au bout. Mais non, il reste encore 50 km. Câest long 50 km quand on en a 115 dans les jambes.â Puis un second âAh et quand tu seras sur le chemin des Anglais 145km Ă 155 km, nâessaie pas de suivre les rĂ©unionnais. Ils vont trĂšs vite car ils le connaissent par coeur. Certains essaient mĂȘme de battre des records sur les segments StravaâŠâ. Pour information le chemin des Anglais câest un chemin de pavĂ©s volcaniques trĂšs accidentĂ© qui monte et descend sans arrĂȘt. Câest un cauchemar, surtout en fin de chemin des AnglaisLâanecdote des segments strava me fait beaucoup rire, ça me rappelle 2â3 copains. Je lui souhaite bonne chance pour la course. Avec mes parents et Patrick, nous prenons la route vers Saint-Leu pour rĂ©cupĂ©rer la arrivant sur place, nous sommes en avance mais le propriĂ©taire des lieux se montre conciliant et nous accueille plus tĂŽt prĂ©vu pour que je puisse me reposer. En nous remettant les clĂ©s, il nous montre son âwall of fameâ sur sa terrasse et nous explique que tous ceux qui ont signĂ© ont accompli quelque chose dâexceptionnel dans leur vie. Il me promet que si je vais au bout, je signerai sur son mur. Deal. Lâendroit est sublime. On a une vue imprenable sur la mer depuis la terrasse et surtout des couchers de soleil de folie. Pendant le sĂ©jour, nous aurons mĂȘme le luxe de voir des a de la gueule en vraiJe file Ă la douche et je me couche le temps dâune courte sieste. En me rĂ©veillant, je profite dâun dernier diner au bord de lâocĂ©an Indien, en famille. Nous sommes Ă 24h du Octobre 2018, me rĂ©veille Ă 9h. Ce jour lĂ , jâen ai rĂȘvĂ© des dizaines de fois et jây suis enfin. Jâai plutĂŽt bien dormi. Je pensais faire la course dans la nuit comme jâai pu le faire de nombreuses fois au cours des derniĂšres semaines mais non. La fatigue accumulĂ©e a bien aidĂ©. Je me lĂšve et profite du soleil pour prendre un bon petit dĂ©jeuner hyper complet avec une derniĂšre bouteille de Malto au bord de lâocĂ©an avec mes parents et Patrick. Jâen profite, câest le dernier avant quelques joursâŠ9h30, je recharge toutes les batteries montre, tĂ©lĂ©phone, batterie externe. Je prĂ©pare mon sac de course avec mon pĂšre en veillant Ă ne rien oublier du matĂ©riel obligatoire. On dĂ©roule la liste 2â3 fois pour ĂȘtre sĂ»r de ne rien lampe frontale avec piles ou batteries de rechange, OK1 couverture de survie dâune dimension minimum de 1,4m X 2m, OK1 rĂ©serve dâeau dâun minimum dâun 1,5 litre. OK1 sifflet, OK2 bandes Ă©lastiques adhĂ©sives permettant de faire un bandage ou un strapping dâune longueur minimum de 2,50 m, et de 6 aÌ 8 cm de largeur. OK1 rĂ©serve alimentaire constante et suffisante pour relier les points de ravitaillement, OK1 vĂȘtement de pluie impermĂ©able avec capuche, et coutures thermo-soudĂ©es. OK1 vĂȘtement chaud type seconde peau » Ă manche longues en tissus technique adaptĂ© Ă lâenvironnement, OK1 gobelet par personne, OK1 piĂšce dâidentitĂ©, OKOn prĂ©pare aussi le sac dâassistance qui contient tout ce dont je pourrais potentiellement avoir besoin sur les diffĂ©rents points rĂ©serves alimentaires, vĂȘtements secs, mĂ©dicaments, chaussures de rechange, piles pour la frontale. Est-ce que je prends la genouillĂšre ? Non allez fais toi se sent mieux quand le sac est fait. Il doit peser entre 3 et 4 kg. Ăa vient compenser les 5 que jâai perdus pendant la prĂ©paration !Je sens dĂ©jĂ les montĂ©es dâadrĂ©naline dans mon corps Ă chaque pensĂ©e pour la course. Je me mets dans le canapĂ© et note sur mon iPhone toutes les raisons pour lesquelles je suis ici. Je sais que je vais perdre toute ma luciditĂ© Ă certains moments et que je ne serai peut ĂȘtre plus en mesure dâĂȘtre rationnel. Et ça je devrai mâen je suis prĂȘt. Je nâai plus quâĂ attendre que le temps passe. Je vais mâallonger dans la chambre et lance un film pour me changer les idĂ©es. The Tourist avec Johnny Depp et Angelina Jolie, un bon film croisiĂšre pour ne penser Ă rien. Câest le seul que jâai sur mon iPad, ça me va trĂšs bien. Pendant ce temps lĂ , Patrick file chercher Laura Ă lâaĂ©roport, elle doit atterrir aux alentours de Laura arrive et nous passons Ă table. Je fais le plein de riz, pommes de terre, blanc de poulet, compote et fromage blanc. Puis je retourne mâallonger, lâattente est difficile. Je fais un point sur mon corps - Jambe gauche 90%- Jambe droite 75%- Fatigue 85%- Mental 200%15h, jâessaie de me rendormir mais sans succĂšs. Moi qui nâarrive jamais Ă faire de sieste, jâen nâattendais pas moins en ce jour spĂ©cial. Les heures passent trĂšs lentement⊠Je reçois beaucoup de messages de ma famille et de mes amis qui mâencouragent et me donnent de la force. Et parmi ces messages, il y a la causerie de Nicolas Allez mon pote, câest lâĂ©vĂ©nement de ta vie, celui que tu nâoublieras jamais, celui que tu raconteras Ă tes enfants, Ă tes amis. Celui pour lequel tu as fait des tonnes de sacrifices alimentaires, sociaux, amoureux. Celui qui te permettra de fermer des bouches. Celui pour lequel tu as passĂ©s des heures â pour ne pas dire des jours â Ă tâ pour ces moments lĂ que tu aimes courir, pour le parfum de la ligue des champions, cette tension Ă©norme avant une grande course. AprĂšs celle-lĂ , rien ne sera jamais plus pareil. Pour toi personnellement, mais aussi dans le regard des gens. 2700 personnes sur 7 milliards dâhabitants, tu vas rentrer dans un cercle ou mĂȘme pas 0,001% des humains pourront prĂ©tendre rivaliser avec ce mental, cette dĂ©termination, cette persĂ©vĂ©rance, cette rage de avant ça, avant la rĂ©compense ultime. Il y aura 168 km Ă affronter, 10k montĂ©e mais aussi 10k de descentes, et donc 20k de haut et de bas. Pendant les bas, ces moments creux oĂč tu vas te dĂ©tester, te demander pourquoi tâes lĂ , ce moment ou le mental pessimiste va commencer Ă prendre le dessus sur le physique. Je veux que tu chasses immĂ©diatement cette idĂ©e noire qui va rĂ©sonner dans ta tĂȘte. Je veux voir la rage de Lucas Hernandez, la combativitĂ© de Ngolo KantĂ©, la rĂ©sistance de Blaise Matuidi, la vaillance de RaphaĂ«l Varane. Je veux un chien enragĂ© qui va chercher son Ă©toile ! Car la 2Ăšme Ă©toile on lâa pas eu en buvant des pintes et en se la coulant douce en terrasse. Ce prestige que tu vas chercher, il se mĂ©rite. Pour le mĂ©riter il faut souffrir, et accepter de souffrir. Alors on ne baissera jamais les bras quoiquâil arrive. Et quand on se sentiras au plus bas avec la tĂȘte baissĂ©e. On tape du pied au sol, on fronce les sourcils, et on repart !!!Pense Ă tous ceux qui sont derriĂšre toi, tous ceux qui te soutiennent, depuis hier ou depuis le jour 1. Pense Ă la fiertĂ© que tu vas nous donner. Regarde derriĂšre toi et vois tous les km que tu as fait pour te prĂ©senter sur cette ligne de dĂ©part. Ces kilomĂštres ils sont 10 fois supĂ©rieurs Ă ce que tu tâapprĂȘtes a faire, le plus dur est donc derriĂšre. Il nâen reste que 168 pour atteindre le rĂȘve ultime. Tu ne vas pas jouer la coupe du monde la, tu vas jouer la Finale de la coupe du monde !!! Alors ON Y VA CHAUSSE LES SALOMON ET CâEST PARTI FRĂROTPense Ă ce que diras GrĂ©goire Margotton quand tu franchiras la ligne dâarrivĂ©e. Ils sâappellent HUGO, BENJAMIN, RAPHAĂL PRESNEL SAMUEL ANTOINE FLORIAN ADIL STEVE ALFONSE NGOLO BLAISE LUCAS PAUL KYLIAN OUSMANE CORENTIN NABIL OLIVIER DJIBRIL ET THIBAULT !!!!!ALLEZ MON POTE, rendez-vous dimanche midi pour le rĂ©cit Ă©pique. Je ne veux pas de messages avant ! Je veux aucune notifs de Thibault LouĂ© avant sa victoire. Jâaurais aimĂ© ĂȘtre lĂ , jâai tout fait pour venir mĂȘme Ă la derniĂšre minute, mais je ne suis pas lĂ juste physiquement. Parce que psychologiquement je suis lĂ Ă 200%. Je te regarde, alors ne lĂąche jamais rien !Je veux ĂȘtre tout seul Ă le faire lâannĂ©e prochaine !!! Ou alors tu seras avec moi pour battre ton record !LA FORCE. LA WIN OU RIENMerci Nicolas. Tel Aragorn, Neville Londubat, Elisabeth Swann, Didier Deschamps ou GrĂ©goire Margotton, tu as eu les mots message jâai pu le relire Ă un moment critique de la je dois partir dans 1 heure. Je prends une derniĂšre douche avant un long moment⊠Je profite de chaque seconde de ce dernier moment de confort absolu. Puis un dernier repas similaire Ă celui du midi. Rien de lâheure de sâhabiller. Tout a Ă©tĂ© pensĂ©. Le choix du caleçon, la façon dâenfiler chaque vĂȘtement, trĂšs minutieusement. Je mâenduis le corps de vaseline pour Ă©viter toute friction des coutures avec la peau, sous les aisselles, sur les cuisses, derriĂšre les genoux. Sur un marathon câest tolĂ©rable, sur un ultra ça peut trĂšs vite tourner au cauchemar. Je met de la crĂšme Nok sur les pieds, une belle couche et jâenfile mes chaussettes roses par dessus. Les manchons de compression aux mollets, le short de compressions pour les cuisses, le t-shirt officiel, le porte dossard, le sac, les gourdes, les chaussures que je ne serre pas, la casquette vissĂ©e sur la tĂȘte. La frontale est dans le sac, je la mettrai avant de partir. Jâai dâailleurs trouver une super technique qui consiste Ă la mettre dans le trou de la casquette. Je suis prĂȘt pour aller au Il fait dĂ©jĂ nuit. Nous prenons le chemin de Saint-Pierre pour aller rejoindre le SAS de dĂ©part. Il y a du monde sur la route. Câest lâĂ©vĂšnement lĂ -bas ! Le dĂ©part est dans 4h⊠Ăa va ĂȘtre nous est demandĂ© dâarriver tĂŽt pour pouvoir contrĂŽler les sacs des 2659 raideurs et dĂ©poser les sacs dâassistance, ce qui jâimagine prendra Ă©normĂ©ment de Nous arrivons Ă destination. Il y a beaucoup de monde et il est quasiment impossible de se garer. Je dis au revoir Ă mon pĂšre & Patrick qui ont prĂ©vu dâaller garer la voiture plus loin et sâinstaller au 5Ăšme km pour avoir une chance de me voir passer. Le dĂ©part est noir de monde sur les premiers km, câest difficile de trouver une pĂšre est trĂšs Ă©mu. Je nâai pas lâhabitude de le voir comme ça, mais je ne suis pas dĂ©stabilisĂ© comme jâaurais pu lâĂȘtre de le voir ainsi Ă un autre moment. Jâentends la musique qui semble venir du SAS des coureurs oĂč des concerts sont donnĂ©s. Les raideurs sont tous vĂȘtus du t-shirt officiel jaune et blanc, beaucoup sont accompagnĂ©s de leur proche. Câest un peu ambiance quai de gare avant un dĂ©part Ă la guerre⊠Je reste quelques minutes devant lâentrĂ©e du parc coureur avec Laura et ma mĂšre sur un trottoir en attendant que ça se passe. Ă cĂŽtĂ© de nous il y a un couple dâune cinquantaine dâannĂ©e. La dame me dit que câest son premier Grand Raid. Moi aussi ! Mais elle a dĂ©jĂ fait lâUTMB il y a quelques annĂ©es⊠Ah dâaccord. Et toi ? Hein moi ? Euh. LâĂ©cotrail de Paris⊠hihi, sourire je dis au revoir Ă Maman et Laura avant dâentrer dans le parc des coureurs. Câest parti, je suis seul face Ă moi mĂȘme jusquâĂ demain matin Ă Mare Ă Boue 49 km, environ 10â11h de course oĂč jâaurai ma premiĂšre assistance. Passage obligatoire, je fais contrĂŽler mon sac par une bĂ©nĂ©vole. Elle vĂ©rifie que jâai bien les 2 x 2,5m de bandages, la couverture de survie, le sifflet, les 1,5 L dâeau, la rĂ©serve alimentaire, la veste, la seconde peau, la batterie de frontale de rechange. SĂ©curitĂ© avant tout. Je passe le test avec succĂšs et je me dirige vers lâendroit oĂč attendent tous les coureurs. Une sorte de parking avec des gros cailloux au sol et de lâherbe par repĂšre un stand de ravitaillement Ă lâautre bout. Je mây dirige pour manger un morceau et boire quand tout Ă coup⊠VLAN. La cheville qui se plie sur un gros caillou. Je ne suis mĂȘme pas parti que jâai failli me faire une entorse bĂȘtement, juste parce que je ne pensais Ă rien et que je nâai pas serrĂ© mes chaussures avant de partir. Cet avertissement me rappelle quâil faudra ĂȘtre vigilant tout au long de la course. Quâune course de 66h, câest 3960 minutes, soit 237 600 secondes. Tout autant de risques de se blesser. Jâinsiste, la diagonale des fous, câest un risque Ă chaque je me dirige vers le ravitaillement dâavant course. Je choppe quelques morceaux de sucres sur les tables que je mets dans mon short et je vais mâallonger dans lâherbe. Le dĂ©part est dans 2h15. Il fait bon, peut ĂȘtre 25 degrĂ©s, trĂšs humide. Un petit vent assez frais se lĂšve, ce nâest pas dĂ©sagrĂ©able. DâoĂč nous sommes, nous voyons la montagne sâĂ©lever Ă perte de vue vers les nuages. Câest Ă cet endroit prĂ©cis que nous allons effectuer la premiĂšre ascension. Je la regarde dâun air inquiet. Il va falloir monter tout ça ? Et ce ne sera que le dĂ©but⊠Je chasse rapidement ces pensĂ©es, mâallonge par terre et regarde le ciel en attendant que ça se passe. Je sens un peu de fatigue, mais plus le dĂ©part va approcher, plus mon corps va se charger en les minutes passent si lentement⊠les coureurs sâaccumulent dans le de suis trĂšs jeune par rapport Ă tout ce monde. A vrai dire, jâai cette sensation bizarre dâĂȘtre comme un peu comme un imposteur ici, de ne pas mĂ©riter dâĂȘtre lĂ . Un peu comme un Ă©tudiant Erasmus qui sâen va prendre lâavion, que lâon surclasse par hasard en business class et qui se retrouve en t-shirt H&M Ă commander du champagne illimitĂ© parce que câest gratuit. Non Thibault, tu as mĂ©ritĂ© dâĂȘtre lĂ , tu as travaillĂ© dur, tu as effectuĂ© tes 2 courses qualificatives avec succĂšs. Je reste dans ma bulle, conscient de mes aptitudes mentales et dĂ©jĂ la 3Ăšme fois que je vais dans les toilettes de chantier depuis que je suis arrivĂ©. Et ça ne va jamais en sâamĂ©liorant dâhabitudeâŠAvant mon premier marathon en Avril 2017, je me souviens devoir faire pipi toutes les 10 minutes pendant 1h30⊠Prends sur toi beaucoup de mal Ă tenir en place mais je dois absolument mâĂ©conomiser. Je me dirige vers les tables posĂ©es Ă cĂŽtĂ© du ravitaillement pour mâassoir. Ă cĂŽtĂ© de moi il y a un couple de retraitĂ©s, ils sont trĂšs sympathiques. Ils doivent avoir la soixantaine passĂ©e et en sont Ă leur 4Ăšme participation. La dame me fait remarquer que je suis trĂšs jeune, et que ânous les jeunes, on veut tout faire vite, quâil faut savoir Ă©couter son corpsâ. Je lui rĂ©pond que câest ce que je fais, que mon corps hurle dâenvie dâaller traverser cette diagonale. Pour ĂȘtre honnĂȘte, je sais que câest bienveillant mais ça mâagace quand on me dit ça. Un peu comme quand on dit Ă MbappĂ© âtu es jeune, tu gagneras le ballon dâor plus tardâ. NON. Câest une brute, il a 19 ans, donnez-le-lui. Je mâĂ©gareâŠEn face de moi il y a un homme dâune quarantaine dâannĂ©es. Câest sa 3Ăšme participation. Il a Ă©chouĂ© sur les 2 premiĂšres. Il habite sur lâĂźle depuis quelques annĂ©es et est un coureur expĂ©rimentĂ©. Il mâexplique ses 2 Ă©checs, une hypothermie au Col des boeufs dans le cirque de Mafate 85 km aprĂšs une micro-sieste je prends note, et une pĂ©riostite lâannĂ©e dâaprĂšs dans le mur qui descend Ă Cilaos63 km. Je lui explique que câest ma premiĂšre diagonale et que je me sens prĂȘt, ridicule. En prononçant ces mots, jâai lâimpression de vouloir mâen convaincre. Oui, je nâai jamais couru en montagne et jâhabite Paris, mais ça va le faire non ? Nous nous souhaitons bonne chance et resterons ensemble jusquâau dĂ©part. Je retiens son numĂ©ro de dossard, câest le seul que je retiendrai dâailleurs parmi tous ceux que jâai croisĂ©s et Ă qui jâai pu dire âfais attention je regarderai si tâes Finisher Ă la fin !â FĂ©licitations Mathieu Magrin 263, Finisher en 485933. Tu lâas il y a enfin un mouvement de foule. Ahhhh. Tout le monde se lĂšve et se dirige vers les barriĂšres, ce qui semble ĂȘtre le passage pour accĂ©der Ă la ligne de dĂ©part. On dirait lâouverture des grilles un jour de soldes. Nous sommes Ă 45 minutes du dĂ©part. Il va falloir rester debout jusquâau bout maintenant. Merde, je nâai pas pu faire mon dernier pipi de dĂ©part⊠Je nâai pas dit mon dernier mot; qui dit 3Ăšme trail dit âexpĂ©rienceâ. Il fait nuit⊠nous sommes entassĂ©s⊠jâai trĂšs envie dâaller aux toilettes, jâai une bouteille dâeau presque vide dans la main⊠Je vous laisse le soin dâimaginer la suite Ă 21h36 et 21h49. SystĂšme D, ça fait partie du sport. Ă ce stade câest du gĂ©nie. Nous sommes entassĂ©s, chacun veut se placer au plus prĂšs de la ligne, car le dĂ©part de la course est dĂ©terminant. Petite parenthĂšse explicative du partir du 15Ăšme km, nous entrons dans des âsingleâ petits chemins de forĂȘt dans lesquels il est trĂšs difficile, voire impossible de doubler. Avec le flux de coureurs trop important par rapport Ă la capacitĂ© quâont ces chemins Ă accueillir les coureurs, cela crĂ©er naturellement un bouchon. Il faut donc arriver avant que le bouchon ne soit trop consĂ©quent, au risque de perdre trop de temps et se faire Ă©liminer par les barriĂšres horaires. Bon, lâorganisation a annoncĂ© quâils avaient revu cette portion et quâils avaient fait des amĂ©nagements pour les supprimer⊠Mouais. De lâautre cĂŽtĂ©, il faut effectuer le bon dosage pour ne pas se cramer en partant trop vite. Dâailleurs, il y en a quelques uns qui partent trop vite et abandonnent dans les premiĂšres nous sommes entassĂ©s comme des bĂȘtes en attendant que ça se passe. Le speaker envoie lâhymne du Grand Raid, une musique Ă©pique que je nâarrive pas Ă retrouver dâailleurs. Il nous chauffe avec des phrases travaillĂ©es Ă lâentraĂźnement. Tout sâenchaĂźne, câest une symphonie. La technique de Neymar et lâĂ©lĂ©gance de Verratti au micro. âAU ĂCHEC, LE FOU SE DĂPLACE TOUJOURS EN DIAGONALEâ. Câest un parolier ! ArrĂȘtez-le ! Ceci dit jâadore la mĂ©taphore. Il prĂ©sente les favoris, François DâHaĂšne, Benoit Girondel, Antoine Guillon, Maxime Cazajous, Nathalie Mauclair. Tous ces monstres de la discipline ne sont quâĂ quelques mĂštres devant nous et auront la primeur dâouvrir la course. En mĂȘme temps je ne me vois pas les suivre Ă 16 km/hâŠ21h45, la ligne de bĂ©nĂ©vole mise en place pour nous retenir est bien lĂ , la musique de plus en plus forte. La tension est palpable, quand tout Ă coup⊠ON AVANCE. Ăa y est le train est en marche, la masse de raideurs se bouscule, tout le monde sâaccroche Ă son voisin, au sac de celui qui est devant. On marche sur des bouteilles, des cailloux, câest hyper dangereux. On avance comme des lĂ©gionnaires romains dans leur Scutum. Ăa piĂ©tine. Plus que quelques quelques dizaines de mĂštres Ă parcourir et nous serons bientĂŽt sous lâarche de dĂ©part. Je suis plutĂŽt bien placĂ© dans le SAS. De chaque cĂŽtĂ© de la route, câest noir de monde. Il y a une ambiance de fou furieux, la musique est prenante. On nous acclame, ça applaudit, ça siffle, et les supporters sont Ă©talĂ©s sur les 5 premiers km. Câest inimaginable. Ăa y est on est sur la ligne droite du boulevard, tel un avion prĂȘt Ă and gentlemen We will be taking off shortly. Please make sure that your seat belt is securely fastened. Câest le moment de tout donner. Margotton aux commentaires, Thiago Motta au corner, Thiago Silva Ă la rĂ©ception. Les frissons. Je sautille. Mais jambe douloureuse se fait sentir mais je lâoublie un temps. 21h55, 5 minutes. Je suis comme un fou. 21h56, je ferme les yeux, je veux me rappeler toute ma vie de ce moment. 21h57, putain ça va partir. Les rĂ©acteurs sont Ă pleine puissance, quand je lĂącherai les freins ça va partir. 21h58, jâai la chance dâĂȘtre lĂ . 21h59, Pense Ă tous les sacrifices que tu as fait, les amis, les soirĂ©es, lâalcool, la bouffe, les entrainements tard le soir, tĂŽt le matin, les⊠merde pas le temps 5, 4, 3, 2, 1âŠSAINT PIERRE - Ravine Blanche - Km 0CâEST PARTI ! Câ foule sur le cĂŽtĂ© est en dĂ©lire, un feu dâartifice est tirĂ© ! Wow. Je pense que je ne verrai jamais un dĂ©part de course aussi fou. Ăa piĂ©tine pendant quelques secondes et jâarrive finalement Ă me lancer. Je pars sur un petit rythme bien maĂźtrisĂ©, entre 9 et 10 km/h. Câest une allure que je peux tenir pendant des heures sans bouger, ça me permet de rester dans ma zone de confort sans consommer dâĂ©nergie. Je nâexcĂšde pas la vitesse prĂ©vue, jâarrive Ă garder la tĂȘte froide malgrĂ© lâambiance. Devant, câest parti trĂšs trĂšs vite. Je slalome mais je me fais doubler par beaucoup de personnes. La clĂ© câest de faire abstraction du flux de personne qui double. Jâavais fait la bĂȘtise de suivre au Festitrail, jâavais payĂ© la note inĂ©vitablement. LĂ , je me laisse aller. Je pars pour au moins 50h de course, il faut gĂ©rer. Je me rapproche du bord de la route pour taper les mains des supporters et⊠VLAN ! Un terre plein central que je nâavais pas vu, je me rattrape de justesse. 2Ăšme avertissement Ă moins dâ1 km du dĂ©part. Le cardio Ă ma montre reste stable mais il fait trĂšs trĂšs lourd, il est un poil au dessus des constantes habituelles. On continue sur le boulevard en bordure de lâocĂ©an pendant 3 km environ. Lâambiance est toujours aussi folle. Dans ma tĂȘte il se passe plein de choses. Un mĂ©lange de âCASSE LA DĂMARCHE COMME SAMUEL, SAMUEL UMTITIâ, de âNE PARS PAS TROP VITE NE PARS PAS TROP VITEâ, de âNâIMPORTE QUOI QUâEST-CE QUE TU FOUS LĂ MDRâ et de âPUTAIN IL EST PLUS LONG QUE SUR LES VIDĂOS CE BOULEVARDâ. Chaque main que je tape est une dosette dâĂ©nergie que jâessaie de visualiser et de stocker dans mon corps. Certains se prennent au jeu et courent avec nous sur quelques dizaines de mĂštres avant de nous souhaiter un ultime âbon courageâ. Que câest bon. Nous profitons de ces derniers instants de plat et de bĂ©ton et câest rare de le souligner avant dâaffronter les terribles sentiers qui nous attendent. 4Ăšme km, on commence Ă monter dans les rues de Saint Pierre vers les hauteurs. Certains marchent dĂ©jĂ , je continue sur ma lancĂ©e jusquâĂ ce que la pente soit trop raide pour que je sois dans une zone confortable. 5Ăšme km, jâentends âMON TITIIIIIIIIIII !â Ah ! Ăa câest maman ! Ma famille est lĂ ! Jâai Ă peine le temps de tendre ma main pour leur taper que je suis dĂ©jĂ passĂ©. Ils ont Ă©crit mon numĂ©ro de dossard au les avais prĂ©venus. Au dĂ©part ça va trĂšs vite et je ne pourrai pas mâarrĂȘter. Les lumiĂšres de la ville sâestompent peu Ă peu Ă mesure que nous entrons dans les champs de cannes Ă sucre. Câest parti pour 35 km de montĂ©e pour chauffer les nây a plus aucune lumiĂšre et je maintiens mon rythme de 9-10 km/h sur le plat et marche rapide dans les cotes. Je me sens bien, mĂȘme si jâai dĂ©jĂ beaucoup transpirĂ© Ă cause de lâhumiditĂ©. Je rĂ©alise difficilement ce qui mâattend, jâai toujours un peu de mal Ă rentrer dans les courses. Nous sommes dĂ©sormais bordĂ©s par les champs cannes de chaque cĂŽtĂ©, ça monte doucement. La tĂȘte de course est dĂ©jĂ trĂšs haute, on peut voir les frontales au loin dans la montagne. Ăa donne une petite idĂ©e de ce qui PLAT - 7 KM 196m d+1er ravitaillement dâeau uniquement. Je nâai quasiment pas bu dans mes gourdes depuis le dĂ©part et jâavais prĂ©vu de ne pas mâarrĂȘter Ă cet endroit. Il sâagit simplement dâune tente dans un virage, je passe devant et je remonte des places. Je nâai toujours pas allumĂ© ma frontale, je profite de la lumiĂšre qui Ă©mane de celle des autres largement suffisante pour le ravitaillement dâeau. Extrait de aprĂšs avoir passĂ© le ravitaillement, la difficultĂ© des montĂ©es monte dâun cran. On est sur du chemin de terre, un peu rocailleux avec des cannes Ă©crasĂ©es au sol. Et câest raide. Je passe en marche rapide et je commence Ă remonter quelques personnes qui avancent moins de haut dâune bosse je me retourne et je peux admirer un magnifique serpent de lumiĂšre derriĂšre moi. Cette image me rassure car nous voyons bien la ville de Saint-Pierre qui sâĂ©loigne de plus en plus. Surtout, il reste encore pas mal de personnes derriĂšre moi, je me dis que je suis pas trop trop mal. Il y a des micro-moments de plat et de descente pendant lâascension, jâen profite pour relancer et gratter quelques places dĂšs que je peux. Dans la montĂ©e, des petits groupes se forment rapidement. Je repĂšre une fille qui semble avoir le mĂȘme rythme que moi, nous nous suivrons en silence pendant 2â3 km, puis je la dĂ©passerai par la suite. Câest assez drĂŽle avec du recul. Il y a toujours des personnes avec lesquelles on passe une toute petite partie de la course, sans jamais dĂ©crocher un mot, mais juste en sachant quâil ou elle est un binĂŽme pendant quelques plutĂŽt bien dans une pente rĂ©guliĂšre, les cailloux et les trous sont prĂ©sents mais pas non plus omniprĂ©sents, on peut encore les Ă©viter. Le sol est trĂšs poussiĂ©reux en revanche et le flux de coureurs la fait voler. Je peux la voir dans la lumiĂšre de mon frontale. Jâimagine que lâon en respire une belle dose⊠Il commence Ă faire plus frais, le vent souffle et je suis trempĂ©. Pour Ă©viter dâattraper froid, je rĂ©ussi Ă attraper un cache cou dans mon sac et lâenfile immĂ©diatement. Dans la montĂ©e je sens mon psoas douloureux ce qui me fait douter pour la suite, la route va ĂȘtre longue et sinueuse. Mais je fais travailler mon mental pour faire traileur mâa expliquĂ© quâil fallait Ă tout prix ne jamais laisser sâouvrir la faille psychologique. Il mâa donnĂ© un exemple trĂšs concret celui dâavoir envie dâaller aux toilettes quand on est dans un embouteillage. Si une envie pressante vous prend et que vous nâavez dâautre choix que dâattendre, alors vous attendrez et arriverez Ă en faire abstraction. Laisser la faille psychologique sâouvrir, câest le moment oĂč on arrive enfin devant la porte de chez soi, que lâenvie se fait sentir de plus en plus pressante et que lâon panique Ă sa porte dâentrĂ©e avec ses clĂ©s. Et bien lĂ câest pareil, lorsque sâentrouvre la faille psychologique, il faut la refermer immĂ©diatement. Pour cela, je me rĂ©pĂšte âje tâinterdis dâavoir des pensĂ©es nĂ©gativesâ. Je visualise un mur en roche dans lequel une faille essaie de grandir. Et dans ma tĂȘte, jâarrive Ă renforcer le mur avec du bĂ©ton, pour ne rien laisser Ă mesure quâelle lutte pour sâouvrir. Ăa peut paraĂźtre abstrait mais ça km, nous quittons les chemins et attaquons une portion sur route assez raide. Il y a encore beaucoup de gens qui nous encouragent et nous applaudissent. Dans un virage, les supporters se resserrent pour ne laisser passer quâune seule rangĂ©e de coureur, Ă la façon du col de lâAlples dâHuez au Tour de France. Le kiffe de se sent fort, les gens nous appellent par notre prĂ©nom grĂące aux dossard, ça tape dans le dos, dans les mains ça donne une force considĂ©rable. Je ralentis et demande âExcusez-moi, je cherche le stade de la redoute svp ?âCette vanne que je rĂ©utiliserai plusieurs fois fonctionne super bien. Ils mâexpliquent que câest juste aprĂšs la montĂ©e Ă droite. âAhhh super nouvelle ça !â. En rĂ©alitĂ©, câest Ă environ 155 km de lĂ , 9000 m de dĂ©nivelĂ© en profite au maximum de tout ce qui se passe, je suis encore Ă moitiĂ© euphorique, pas encore concentrĂ© Ă 100% sur la course. âFais attention Ă ne pas te blesser et avanceâ.Sur la route, je remonte par hasard au niveau de la dame avec qui jâĂ©tais assis sur les tables avant le dĂ©part, elle nâest dĂ©jĂ plus avec son mari mais mâexplique quâils ne font jamais la course ensemble car ils nâont pas le mĂȘme rythme. Mais ils finissent toujours par se retrouver sur le parcours. Je trouve ça mignon. Et je file devant elle ! Je ne la reverrai VIDOT - 14,7 KM 656 d+Je passe Ă la TĂ©lĂ© ! 1er vrai ravito. Je suis 5 minutes en dessous de mes prĂ©visions. Jâen profite pour remplir mes bidons et manger un peu de tout fromage, quartier dâorange, est minuit passĂ©, câest Vendredi ! Je mâapprĂȘte Ă repartir quand je vois plusieurs coureurs se changer. Ils ont raisons, mieux vaut perdre 2 minutes ici et ne pas attraper froid. JâenlĂšve la frontale le sac, le dossard. Je retire mon t-shirt officiel qui est trempĂ© et enfile ma seconde peau manche longue. Je repars du ravito quand soudain⊠PAF LE BOUCHON. Bon, je mây attendais donc ça passe mieux. Nous sommes Ă lâarrĂȘt complet, sauf pour 2â3 petits gĂ©nies qui ont visiblement rĂ©ussi Ă chopper des âfast-passâ au ravito. Jâadore ces mecs qui te doublent comme si câĂ©tait toi qui choisissait de ne pas avancer dans un bouchon, âexcusez-moi, pardon, on est pressĂ©â. Ah oui câest vrai, pas nous. Vivement la VAR sur les dĂ©tendre lâatmosphĂšre, je sors mon tĂ©lĂ©phone, le mets en mode selfie et balance un âSALUT LES LUCIOLES !â.Ăa ne fait pas rire grand monde, mais je suis hyper content de ma blague. Je viens de manger 15 km avec 700 d+ et je suis en pleine forme. Et lĂ on va attaquer une trĂšs grosse partie, 10km avec 1000 d+avec du petit single de forĂȘt, des racines, des marches. MĂȘme pas peur. Pour dire la vĂ©ritĂ©, je nâai que quelques flash de cette partie. Le fait dâĂȘtre dans les bouchons, Ă la file indienne, de nâavoir que le sac et les mollets du coureur de devant dans le champs de vision nâaide pas le cerveau a crĂ©er des super souvenirs. Ce que je sais, câest que ça monte sec mais je le vis super vu de jour, extrait de RĂ©union 1Ăšre toute façon, je vis bien toutes les montĂ©es de maniĂšre gĂ©nĂ©rale. Je ne saurais pas lâexpliquer, je les ai travaillĂ©es Ă lâentrainement mais pas excessivement. Je suis hyper Ă lâaise dans lâexercice. Je double toujours beaucoup de gens dans ces portions, et je me fais doubler en descente. Câest plutĂŽt un bon compromis Ă mon niveau. Jâai bien retenu les leçons dâAntoine Guillon Champion du monde, 12 participations Ă la Diagonale, 1 victoire et 10 fois dans le top 4 toujours aller chercher le point le plus bas quand on monte pour prĂ©server lâĂ©nergie, et le point le plus haut quand on descend pour Ă©viter au maximum les chocs. Les bouchons vont et viennent pendant plusieurs km selon les endroits plus ou moins Ă©troits dans lesquels nous passons. Je fais bien attention Ă mon hydratation. âSi tu ressens la sensation de faim ou soif, câest dĂ©jĂ trop tard.â Ăa devient silencieux sur les sentiers. Je relance toujours aussi aisĂ©ment en haut des cĂŽtes sur les petits passages plats. On commence Ă ĂȘtre trĂšs haut avec une super vue sur la baie Ă©clairĂ©e par les lumiĂšres de la ville et le reflet de la lune. Lâenvironnement est surrĂ©aliste, il y a des arbres, de lâherbe, de la verdure partout autour de nous, câest trĂšs dense. Lâair est frais et pur. Câest hyper agrĂ©able, beaucoup plus que les Buttes Chaumont. On grimpe, on grimpe et lorsque lâon croit que lâon arrive en haut, ça grimpe encore plus. Jâadore cette partie. Peut-ĂȘtre parce que je suis frais et que jâai lâimpression que les autres autour de moins ont moins dâaisance. Loin de moi lâidĂ©e de me rĂ©jouir du malheur des autres mais ça me donne la sensation dâĂȘtre dans une forme olympique. En vĂ©ritĂ©, si demain je devais y retourner seul et en pleine journĂ©e, je serais sĂ»rement en on avance, plus le dĂ©cor change. On est maintenant beaucoup plus haut et il y a plus de mousse sur les arbres, câest de moins en moins dense. Je vois un homme sâendormir en marchant rattrapĂ© de justesse par la personne derriĂšre avant de se prendre lâarbre en face de lui. Ah ouais, dĂ©jĂ ...Ă droite câest le vide, protĂ©gĂ© par une clĂŽture. Câest un trou noir sans fin. En continuant sur le sentier je vois un homme assis le regard livide. Puis quelques dizaines de mĂštres plus loin, un autre en pleurs au tĂ©lĂ©phone. Il semble dire quâil nâa plus de jambes. On est Ă peine au 20Ăšme km, je pense que la suite va ĂȘtre compliquĂ©e pour eux. Mais le trail câest aussi ça. Ătre au plus mal et se dire que rien ne pourra ĂȘtre pire par la suite pour remonter la pente. Il y a dâautres personnes assises sur le bord du sentier Ă mesure que lâon avance, je leur tape sur lâĂ©paule en passant, âbon courage mon poteâ.Il commence rĂ©ellement Ă faire froid lĂ haut, on est quasiment Ă 1800 mĂštres dâaltitude et le vent souffle fort. Il y a quelques heures nous Ă©tions au niveau 0, au bord de lâocĂ©an Indien Ă 25 degrĂ©s. LĂ il fait presque ressenti 0 degrĂ©. Je mâarrĂȘte pour remettre de la crĂšme sur mes pieds, je sens le frottement au talon dans les pentes. Je veux Ă tout prix Ă©viter lâampoule prĂ©maturĂ©e. Je prĂ©fĂšre laisser Mafate faire son boulot pour ça. Je profite de mon arrĂȘt furtif pour enfiler ma veste Raidlight. Wow. Incroyable. La qualitĂ© de cette veste⊠elle est lĂ©gĂšre, respirante, elle coupe parfaitement le vent et est impermĂ©able. Ce nâest pas la mienne, on me la prĂȘtĂ©e mais jâen suis dĂ©jĂ convaincu. Au terme dâune Ă©niĂšme montĂ©e, il reste 2 km de faux plat sur lesquels jâenvoie avant dâarriver au ravitaillement du 25Ăšme DAME DE LA PAIX - 25 KM 2071 D+Depuis Domaine Vidot 10 km /1000 d+Temps de course 45856PrĂšs de 5 heures de course, il est 2h58 du matin quand jâarrive au ravitaillement. Je suis en pleine forme. Mentalement ĂȘtre sous les 5h Ă cet endroit me fait du bien. Le ravito est installĂ© dans un chemin entre les arbres, ce nâest pas trĂšs large et ça sâentasse beaucoup. Certains coureurs ont le visage dĂ©jĂ largement marquĂ©s. Dâautres dorment dĂ©jĂ . Il y a de la soupe au vermicelle au ravito, jâattrape mon Ă©co-cup et jâen demande une bonne louche. Ăa va me rĂ©chauffer, on doit pas ĂȘtre loin de 0°C ici. Je me ravitaille en sucre, mais aussi en sel. Toujours surveiller ses apports en sucre et en sel. Je demande une belle pincĂ©e que je mĂ©lange avec de lâeau et SLURP, je lâavale cul sec. Câest dĂ©licieux⊠Je resterai 10 minutes environ, le temps de mâassoir 5 minutes, de finir de boire ma soupe et repartir du bon pied. Jâai presque 45 minutes dâavance sur mes prĂ©visions !Ă la sortie du ravito, on avance sur une route bĂ©tonnĂ©e trĂšs trĂšs raide pendant 1 bon kilomĂštre. Ah ! La fameuse route amĂ©nagĂ©e spĂ©cialement en 2018 pour Ă©viter les bouchons⊠Une fois lĂ -haut, je me rappelle voir un ciel plein dâĂ©toiles au dessus de moi. JâĂ©teint ma frontale et regarde en lâair. Câest sublime. Puis on redescend aussi sec avant de prendre un petit chemin Ă droite pour sâenfoncer dans un champs, et BAM. Encore un bouchon⊠Yessssss ! Encore Ă lâarrĂȘt complet. Toute la portion suivante est un enchainement de petites montĂ©es et descentes trĂšs raide Ă travers des champs, dâescalade dâĂ©chelles qui nous permettent de passer au dessus de clĂŽtures en barbelĂ©s. Ăa avance en ligne droite. Ă gauche, des champs, Ă droite, 500 mĂštres de vide. Les bouchons nous font perdre Ă©normĂ©ment de temps, ça me frustre mais câest le jeu. Ă mon niveau et Ă ma vitesse on mange les bouchons, câest comme ça. Et je ne suis pas au bout de mes Google profite pour discuter avec mes voisins. Lâun dâeux est un finisher de lâĂ©dition prĂ©cĂ©dente, il mâexplique quâil a eu Ă©normĂ©ment de mal Ă terminer et quâil a effectuĂ© les 20 derniers km en 10h car il a dĂ» sâarrĂȘter dormir 1h Ă 4km de lâarrivĂ©e. Je nâimagine mĂȘme pas lâĂ©tat dans lequel il devait ĂȘtre pour que son envie dâarriver ne prenne pas lâascendant sur sa fatigue. Ăa parait si loin cette arrivĂ©e⊠Mais je ne dĂ©sespĂšre absolument pas. Ă vrai dire jâai lâimpression de toujours ĂȘtre celui qui a le plus la patate dans les petits groupes avec lesquels jâavance. Les autres sont assez silencieux, concentrĂ©s. Les montĂ©es et descentes dureront prĂšs de 2h. Cette portion est trĂšs casse patte, diffĂ©rents muscles sont sollicitĂ©s de maniĂšre intense Ă tour de rĂŽle. Jâai beau essayer de faire abstraction de la douleur que je ressens au psoas, câest le bassin qui commence Ă subir Ă son tour. Logique, lâun va avec lâautre. Je fais tout pour ne pas y est presque 5h30 du matin quand nous arrivons sur une trĂšs belle partie. Un chemin de forĂȘt magnifique. Pour essayer dâimager lâendroit, on dirait une piste verte au ski, vous savez les chemins interminables, pas trĂšs larges, qui permettent gĂ©nĂ©ralement de redescendre Ă la station. Câest ça. Les premiĂšres lueurs du jour se dessinent. FIN DE LA PREMIĂRE NUIT. Elle sâest super bien passĂ©e, jâai toujours autant la patate !Il y a des arbres de part et dâautres, un terrain plat et roulant sur lâherbe. Câest la partie la plus agrĂ©able du parcours pour les jambes et les pieds, jâen profite pour envoyer un peu, je sais que ça ne va pas dont je parle juste avant. Extrait de de soleil se lĂšve et nous profitions dâune vue magnifique sur les pics de montagnes qui surplombent les nuages et la brume matinale. Nous quittons ce beau sentier et rejoignons la route du Volcan que nous descendons sur 500 mĂštres avant de remonter vers les plaines. Câest magnifique, comme sur les vidĂ©os que jâai vues avant de venir. Mais cette fois-ci jây suis bien en vrai, en ressentant la fraicheur de lâair et la chaleur du soleil qui se chemin est technique, cassant, mais quâest-ce que câest beau. Jâavance derriĂšre un homme qui me raconte quâil a tentĂ© sa chance lâannĂ©e derniĂšre, mais quâil a malheureusement Ă©tĂ© contraint dâabandonner Ă Roche Plate 105 km juste avant le mur du MaĂŻdo. Les semelles sous ses chaussures nâont pas supportĂ© la traversĂ©e du cirque de Mafate et se sont dĂ©collĂ©es. Avec plus de luciditĂ©, il mâexplique quâil aurait pu les rĂ©parer avec son rouleau dâElastoplast et changer de chaussure 20 km plus loin Ă Sans Souci lĂ oĂč son sac dâassistance lâattendait. Comme quoi⊠la luciditĂ© câest vraiment la clĂ© avant de prendre une quelconque continuons dans des petits sentiers Ă©troits jusquâau 38Ăšme km, ravitaillement BelvĂ©dĂšre Nez de boeuf. Ces derniers km mâont littĂ©ralement cassĂ© les DE BOEUF - 38 KM 2406 D+Depuis Notre Dame de la Paix 13 km / 700 d+Temps de course 82558La pluie, le vent et le froid se sont invitĂ©s au ravito. Nous en sommes Ă 8h25 de courses exactement, il est 6h25 du matin. Jâai plus de 3h dâavance sur la barriĂšre horaire, je suis trĂšs de boeuf. Extrait de ne va pas falloir trainer pour ne pas se refroidir, mais je profite une nouvelle fois de la soupe aux vermicelles pour me rĂ©chauffer. Jâaperçois une belle marmite de Rougail saucisse posĂ©e sur la table, mais visiblement câest pour lâautre course en relai qui se dĂ©roule en parallĂšle. Jâen pique une mini assiette et la dĂ©vore aussi vite. Mine de rien, jâai beau ĂȘtre enthousiaste depuis le dĂ©but de la course, ça fait tout de mĂȘme 38 km que lâon monte et on a perdu 25 degrĂ©s depuis le dĂ©part. Et ça fait presque 24h que je nâai pas dormi, donc malgrĂ© les apparences lâorganisme est dĂ©jĂ un tout petit peu entamĂ© mĂȘme sâil reste Ă©normĂ©ment de chemin Ă parcourir. Au ravito, jâen vois certains dans un sale Ă©tat proche de lâhypothermie. Il y en a qui dorment dans les couvertures de survie, dâautres qui grelottent le regard vitreux. Je ne veux pas finir dans le mĂȘme Ă©tat. Vite je remplis mes gourdes, je finis ma bouchĂ©e et je mâen vais dâici. Je suis pile Ă lâheure dans mes portion qui suit est un sentier de 11 km de descente vers Mare Ă Boue oĂč Patrick et mon pĂšre mâattendent. Le terrain est assez technique par endroit, trĂšs roulant Ă dâautres. Il y a beaucoup de roche et de cailloux sur les Ă©troits sentiers, il faut faire attention Ă ne pas y laisser une cheville, ça va si vite⊠Jâarrive Ă courir par de temps en temps, mais obligĂ© de ralentir par endroit. Je me fais remonter sur les passages techniques, ça sera mon plus grand drame tout au long de la course. Ă ma dĂ©fense le boulevard Magenta, la butte Montmartre et les Buttes Chaumont ne sont pas les meilleurs terrains de jeu qui soient pour prĂ©parer les sentiers de la RĂ©union !Il y a des barbelĂ©s sur les bords du sentier, jâai dĂ©jĂ vu cet endroit dans les de continuons la descente qui sâintensifie et entamons des passages plus techniques avec des marches. Câest assez casse patte car elles sont trop longues pour ne faire quâun pas, mais trop courtes pour en faire 2. Et surtout elles mesurent entre 30 et 50 cm de haut donc câest assez traumatisant pour les genoux et les muscles. Le temps est capricieux; un coup il fait trĂšs froid, un coup il pleut, un coup il fait trop chaud. Jâai toujours ma seconde peau et ma veste sur moi. AprĂšs de longues minutes Ă virevolter dans un petit sentier accidentĂ© entre les arbres, les pierres et les racines, jâaperçois enfin des humains, et surtout, mon pĂšre qui mâ de traversons une grande route, ce qui semble ĂȘtre la route principale environnante. Je fais les quelques mĂštres restants avec mon pĂšre jusquâau ravitaillement 500 mĂštres plus mettrai environ 2 heures Ă faire ces 11 km. La Ă BOUE â 49 KM 2446 D+Depuis Nez de boeuf 10,3 km / 40 d+Temps de course 104956VoilĂ 10h50 que nous sommes lancĂ©s dans cette Diagonale des fous, et presque 1/3 du parcours. En vĂ©ritĂ©, pas du tout, jâen suis Ă peine Ă 20% en termes de temps passĂ©. Je sais ce qui mâattend, Cilaos, Mafate, les 50 derniers km, la fatigue accumulĂ©e. Je reste lucide et ravitaillement jâen profite pour faire le plein dâeau, manger quelques morceaux de poulet, de sucre, de chocolat, dâorange. Je reprends un verre dâeau avec du sel par anticipation des litres de transpiration que je vais perdre dans la chaleur environnante. Jâen profite pour changer de chaussettes, les pieds vont super bien jusquâĂ maintenant, pourvu que ça dure. Utopie. Je change les piles de ma frontale pour la prochaine nuit, et je dĂ©pose la deuxiĂšme frontale de secours Ă mon pĂšre. Elle ne me servira Ă rien finalement, si ce nâest Ă mâalourdir un peu plus. Ma Black Diamond est rĂ©sistante et câest un vrai phare Ă pleine puissance, mais je dois avouer quâelle est peu pratique. Son chargeur a 4 piles est trop lourd pour ĂȘtre portĂ© au niveau de la tĂȘte, et se trainer une rallonge dans le short ou dans le sac nâest pas idĂ©al. Câest con, maintenant quâon a passĂ© plusieurs nuit ensemble je commence Ă mây attacher⊠Le soleil commence Ă se lever et il fait dĂ©jĂ plus chaud, malgrĂ© un vent toujours aussi frais. Je discute avec un homme au ravitaillement, il a lâair de bien connaĂźtre le coin. Il mâexplique quâil compte bien 5h pour rejoindre Cilaos, Ă 17 km plus loin. 5 heures ! Jâen ai prĂ©vu 4 et je pensais ĂȘtre large ! Il me dit que la portion que lâon va attaquer est super compliquĂ©e. Outch. Je nâai pas envie de le croireâŠSur le profil et dans les vidĂ©os, il sâagissait pour moi dâun simple chemin de plaine technique avec des montĂ©es et descentes par endroit mais qui nâavait pas lâair dâĂȘtre aussi compliquĂ©. Je sais juste quâil y a un mur vertical qui nous attend pour descendre Ă Cilaos au 63Ăšme km et que beaucoup redoutent. On verra bien. Je repars sans plus tarder, il est 9h15, on va entrer dans le vif du Ă peine reparti que je retire dĂ©jĂ ma veste. Il commence Ă faire trĂšs chaud au dessus des nuages. Je garde ma seconde peau sur moi, les variations de tempĂ©ratures vont trĂšs vite. Et nous repartons pour une ascension de 10 km. Ăa dĂ©marre assez doucement, dans un chemin de fait trĂšs chaud. Lâendroit qui se voulait trĂšs sec porte dĂ©sormais trĂšs bien son nom âMare Ă boueâ. Lâascension est interminable. Je nâĂ©tais pas prĂȘt psychologiquement. Plus on avance, et plus ça devient technique et compliquĂ©. Jâaccroche un local avec lequel je discute pendant quelques kilomĂštres, il me dit que le plus dur est Ă venir. Que ça monte rĂ©guliĂšrement maintenant mais que lâon va se manger une portion de 5 km sur les crĂȘtes avec des montĂ©es et descentes trĂšs rudes sur un terrain capricieux. De trĂšs gros rochers, des racines. Tout ce que jâ en effet il ne sâest pas trompĂ©. On avance pourtant dans un endroit sublime, sur une crĂȘte avec le vide de chaque cĂŽtĂ© et une vue le terrain devient hyper compliquĂ© aussi bien dans les montĂ©es que dans les descentes. Comme ça Extrait de de de sur plusieurs kilomĂštres; un cauchemar. Et qui dit sentier Ă©troit et technique dit⊠BOUCHON. Super nouvelle. Je ne peux pas avancer Ă mon rythme, je ne peux pas doubler et je commence Ă mâagacer. Pire, je fatigue et vois lâheure tourner et je fais un kilomĂštre en prĂšs de 35 minutes ! Je me pose des questions sur les barriĂšres horaires et la suite de la course, probablement Ă tort. Sur des parties oĂč les montĂ©es et descentes raides se succĂšdent, on se fatigue mais on nâavance pas beaucoup. Les kilomĂštres sont interminables et le dĂ©nivelĂ© ne bouge presque dĂ©cide de faire une pause de 2 minutes pour manger une barre de nougat. Un homme sâarrĂȘte Ă ma hauteur, il est sur le GR en relai. Il mâexplique quâil est rincĂ©, quâil est parti Ă 6h ce matin et quâil nâa plus de jambes. Je le souhaite bonne chance. Je repars, ça grimpe sĂ©vĂšrement mais je ne me plains plus. Je passe en mode Blaise Matuidi. Je lâadopterai plusieurs fois dans la course, merci dâexister Blaisou. Nous sommes sur le coteau Kerveguen, il me semble que câest le plus haut point du parcours. Il fait trĂšs trĂšs chaud lĂ -haut. Puis comme tout droit sorti dâun Mission Impossible, un hĂ©licoptĂšre surgit de derriĂšre le col que nous montons et se place Ă une trentaine de mĂštres de moi. La porte sâouvre, tu vas passer Ă la TĂ©lĂ© ». Je mâagite et fais des grand signes des 2 bras. Ils sâapprochent et viennent se placer au 3 mĂštres dessus de moi⊠Merde quâest-ce quâils font ? Je dĂ©connais hein! Je me fais sĂ©vĂšrement chasser par la puissance de lâhĂ©lice, la poussiĂšre vole jâen prends plein la tĂȘte et je me couche au sol par rĂ©flexe. Jâimagine le pire, le coup de vent, le pilote qui perd le contrĂŽle, lâhĂ©lice qui me dĂ©coupe⊠LâhĂ©lico se dĂ©cale de quelques mĂštres. Un homme descend via un cĂąble dans les petits arbres de la crĂȘte, comme Kevin Costner dans Coast Guards, et remonte 10 secondes plus tard dans un homme enroulĂ© dans sa couverture de survie. AH PUTAIN CâEST PAS LA TĂLĂ. Merci Sara 112. Cet Ă©pisode me rappelle quâil faut rester concentrĂ© et quâune blessure peut survenir Ă tout moment. Que mĂȘme si ça doit ĂȘtre trĂšs sympa de faire de lâhĂ©lico Ă la RĂ©union, je ne suis pas sĂ»r que ma mutuelle couvre les frais. LâhĂ©lico sâen va aussi vite quâil est kilomĂštre, le moment tant attendu. La fameuse descente vers Cilaos, celle dont tout le monde parle tant, 800 mĂštres de dĂ©nivelĂ© nĂ©gatif en 2 km. Surtout, la fin de cette montĂ©e interminable de 10 km. Place Ă du bon 40% avec lâĂ©quipe type racines, roche, marches de 50 cm et⊠UN BOUCHON ! Je me dis quâen bas je vais enfin pouvoir voir mes proches, me changer, me faire masser voire mĂȘme me doucher. Ăvidemment ça nâavance pas, car il suffit quâil y en ait un qui nâarrive pas Ă descendre Ă un rythme linĂ©aire et câest 20 personnes qui subissent. Je ne dis rien, je serai ce mec Ă 2â3 endroits dans la course. Câest hyper dangereux, câest super raide, ça glisse, jâen vois quelque uns chuter. 30 min pour faire le 1er km je deviens fou. Je crie un âGAUCHEâ et accĂ©lĂšre pour doubler une dizaine de personnes, et ainsi de suite sur 3 lacets pour me retrouver seul devant. Je garde le rythme. Il faut que ça se termine. On nâen voit toujours pas le bout, on est encore au dessus des nuages, jâai beau descendre encore et encore le dĂ©cor ne bouge pas. Puis tout Ă coup on aperçoit le sol. Sans dĂ©conner ? On est encore si haut que ça ? Au moins 400 mĂštres⊠Je prends mon mal en patience, je finis par arriver, je ne sais pas combien de temps ça a pris exactement. Peut ĂȘtre 45 min... Ăa a bien tapĂ© les genoux mais au moins je suis en bas. Ravito surprise, celui de Mare Ă Joseph. Moi qui pensait arriver bientĂŽt Ă Cilaos, jâapprends quâil y a encore 4 km⊠Je repars en courant, jâarrive Ă faire du 10 km/h sur une partie en bĂ©ton. Au bout de 2 km, jâaperçois Patrick qui est venu Ă ma rencontre. Il se met Ă mon niveau et nous courrons tous les 2. âOn arrive ?â, il me rĂ©pond ânon, on a 1 km, puis une ravine Ă passerâ.âMAIS JAMIE, CâEST QUOI UNE RAVINE ?âTCHOU. Sound design de la petite TV qui sâĂ©teint dans âCâest pas sorcierâUne ravine câest un petit ravin entre 2 montagnes oĂč il y a gĂ©nĂ©ralement un cour dâeau qui y passe. Donc si on imagine 2 montagnes lâune Ă cĂŽtĂ© de lâautre, câest lâendroit entre les 2. Passer une ravine, ça veut dire descendre dâun flan de montagne pour remonter en face. Je prends du temps pour lâexpliquer parce que ça va devenir frĂ©quent sur les 50 prochains un petit schĂ©ma. /\ravine/\Je descends la ravine Ă pleine jambe et la remonte aussi vite. Mon pĂšre nous attend de lâautre remontons et arrivons enfin Ă Cilaos Ă 14h20. Jâarrive avec 1h20 de retard sur mes prĂ©visons, je nâavais pas anticipĂ© la difficultĂ© des 17 derniers â 66,2 KM 3256 D+Depuis Mare Ă boue 17 km / 810 d+Temps de course 162113Je retrouve Laura, son pĂšre et mes parents Ă Cilaos, comme prĂ©vu. Ăa fait du bien de les portent des t-shirt âsupporter de Thibaultâ soigneusement confectionnĂ©s par Laura. Je trouve ça super mignon. En revanche jâai un gros coup de mou, le vrai premier de la course. Ăa ne me fait pas peur, il y a une trĂšs belle phrase que lâon mâa dite un jour pour passer ces moments difficiles âDis toi que lorsque tu es au plus bas, ça ne peut quâaller mieux ensuiteâ. Câest con mais câest vrai, ça finit toujours par passer Ă un moment oĂč un dans le stade de Cilaos, la premiĂšre base de vie de la course. Il y a tout repas chaud, kinĂ©s, osthĂ©os, podologues, mĂ©decins, lits de camps, douche. Cilaos câest un peu le SAS avant dâattaquer lâenfer de Mafate. Dâailleurs sur tous les abandons, jâaimerais bien voir combien laissent le dossard Ă Cilaos... Oui car quand on entre dans Mafate, il faut en sortir par ses propres moyens sauf en cas dâurgence absolu qui empĂȘcherait de marcher et lĂ câest lâhĂ©lico qui sâen charge. Mafate, ce nâest pas accessible en voiture. Dans ma tĂȘte je lâimagine un peu comme le cimetiĂšre des Ă©lĂ©phants dans le Roi Lion. Donc il faut ĂȘtre bien sĂ»r de soi avant de sây lancer !Je subis un peu le coup de mou, jâessaie de manger un plat chaud mais il a du mal Ă bien passer. Je me dis quâune douche peut faire le plus grand bien⊠Et qui dit stade dit vestiaire de Foot ! Ahhhhh, la belle Ă©poque. Je me revois 10 ans en arriĂšre dans les vestiaires du SOM ou du Villaret. Le sol est inondĂ© de 3 cm dâeau, les douches ne laissent passer quâun petit simple filet dâeau glacĂ©e, chacun taxe le gel douche de lâautre. Je change de chaussettes et de t-shirt. Je remplace ceux qui sont dans le sac par des vĂȘtements secs pour la nuit, je change de pile pour la frontale, remets des barres et compotes Ă©nergĂ©tiques dans mon sac. Je ne traine pas, jâaimerais passer voir les kinĂ©s pour me faire masser les jambes, faire le point sur mon psoas / bassin avec un osthĂ©o, me faire soigner 2 ampoules naissantes derriĂšre les talons. Et si possible dormir 10 commence par le kinĂ© et lĂ câest grand luxe. Je suis pris en charge par 2 jeunes filles, 1 par tente des kinĂ©s. Extrait de troisiĂšme arrive câest une podologue qui enduit mes talons dâune crĂšme prĂ©ventive. Puis une 4Ăšme ! OsthĂ©o, elle mâannonce une contracture au psoas, que le bassin bouge bien par contre ce qui est bon signe. Je lui dis que je ne sens presque plus la douleur et que ça va aller. En 10 minutes, jâai amorti le prix du dossard en consultation mĂ©dicale. Merci Ă tous ces bĂ©nĂ©voles qui sont dâune aide prĂ©cieuse. Le corps va bien mais je me sens toujours assez faible, je vais essayer de dormir 10 min. Je mâallonge, rien Ă faire ça ne viendra pas. Je repars. Câest dur mais il faut y aller. Il me semble quâil est 15h40 quand je repars, ce qui voudrait dire que je suis restĂ© au total 1h15 sur place environ. Ce que jâavais prĂ©vu. Jâai toujours entre 2h30 et 3h dâavance sur la barriĂšre. Je dis au revoir Ă mes proches, mon pĂšre mâaccompagne sur quelques centaines de mĂštres et me laisse filer dans les sentiers. Jâen profite pour brancher ma montre pour quâelle se recharge sur cette partie. Pendant la course, ma batterie externe me permettra de la charger 3 fois pour ne pas quâelle sâĂ©teigne en pleine activitĂ© et de charger 3 fois mon nouvelle fois, jâai fait une erreur dâapprĂ©ciation du parcours. Je pensais que les 6,8 km qui sĂ©paraient Cilaos du DĂ©but du Sentier du TaĂŻbit Ă©taient relativement simples et finalement on se prend prĂšs de 600 d+/d- avec des montĂ©es et descentes successives. On descend jusquâen bas dâune ravine pour arriver Ă la Casacade Bras rouge et on enchaĂźne des montĂ©es descentes avant dâarriver au ravitaillement du dĂ©part du TaĂŻbit. Bon finalement avec le recul je me dis que câest toujours ça de SENTIER DU TAĂBIT â 73 KM 3763 D+Depuis Cilaos 6,8 km / 507 d+Temps de course 192622Qui dit dĂ©but du sentier du TaĂŻbit, dit TaĂŻbit. La 2Ăšme plus grosse ascension de cette Diagonale des fous. Un mur de 4,5 km avec plus de 800 dĂ©nivelĂ© positif, et une descente de 1,5 km et 400 de dĂ©nivelĂ© nĂ©gatif pour arriver Ă remplis mes gourdes au ravitaillement, je mange quelques quartiers dâorange. Les pieds sont un peu douloureux, jâen profite pour remettre de la NOK et prendre un doliprane. Je suis prĂȘt Ă en dĂ©coudre. Bizarrement ce col ne me fait pas peur, il est raide mais ça fait des semaines que jâai hĂąte de voir ce que câest pour de vrai. Jâattaque sur un gros rythme et double du monde. Si il y a bien un truc dont je suis fier câest quâon ne me double jamais en montĂ©e. Non pas que je sois un monstre, mais Ă mon niveau, je dois ĂȘtre un poil plus Ă lâaise que les autres. Ce qui veut dire que si je progresse en descente je pourrai gagner du temps !Je continue de monter Ă un rythme rĂ©gulier. Au bout de 2 km dâascension, je croise la fameuse cabane en plein milieu des bois avec son fameux propriĂ©taire qui nous attend sur le bord de la route de lâai vu dans toutes les vidĂ©os que jâai regardĂ©es, il fait partie de la lĂ©gende de cette diagonale . Il a concoctĂ© sa fameuse âtisane ascenseurâ. Je mâen passerai⊠Certainement Ă tort. Peut ĂȘtre que jâaurais dĂ» profiter de ce moment, mâarrĂȘter. Je me suis contentĂ© de lui taper dans la main et jâai continuĂ© sur ma lancĂ©e pour ne pas casser mon bon rythme. Le soleil se couche trĂšs vite, câest le dĂ©but de la deuxiĂšme nuit. Jâenfile la veste et allume la frontale, nous sommes trĂšs haut maintenant. Le TaĂŻbit, câest des marches Ă nâen plus finir. Nous sommes en plein dans un nuage, lâendroit est trĂšs brumeux. Je me sens en pleine forme. Le coup de mou de Cilaos est loin derriĂšre. Je monte⊠5, marche aprĂšs marche, 4⊠Tout va bien, 3.. TrĂšs bien⊠2, allez encore une personne doublĂ©e, 1⊠CLAC. Ma course sommes au kilomĂštres 78 environ, ce nâest pas encore la moitiĂ©. Mon tendon de la patte dâoie au genou gauche sâest rĂ©veillĂ©e comme un vieux volcan rĂ©unionnais. Comme ça, sans prĂ©venir. Pour dĂ©crire la douleur que je ressens Ă chaque pas, câest exactement la mĂȘme sensation que lorsque vous mettez une touillette Ă cafĂ© entre vos dents et la faites vibrer avec votre doigt. La touillette incarnant mon tendon dans cette mĂ©taphore. JâespĂšre que ça va passer. Jâen appelle Ă ma tĂȘte. âJâai vu Kylian Jornet se blesser au genou Ă Cilaos et finir la course. Il est capable de faire abstraction de la douleur des blessures, fais pas ta chochotte.â Jâessaie dâappliquer une mĂ©thode qui consiste Ă visualiser la douleur dans son corps, la matĂ©rialiser, la dĂ©coller et la poser quelque part. Ăa marche ! CLAC. Ah non⊠Bon, avance et fais suis un peu déçu dâĂȘtre ici de nuit, apparement le paysage est magnifique vu dâen haut. Tant pis, je serai plus rapide lâannĂ©e prochaine poke Laura ! Je reconnais la petite chapelle sur ma gauche pendant lâascension ce qui annonce la fin de la montĂ©e. Jâai mis environ 1h30 Ă grimper ! Ă mon niveau, je lâai mangĂ© en une bouchĂ©e. Lui qui inflige du mal Ă tant de coureur je ne lui ai pas laissĂ© une seule chance. Il aura simplement pris mon tendon dans la bataille mais hey, Luke a perdu un bras avant de faire chuter lâempire. Câest le place Ă la descente. Clac, droite, clac, droite, clac, droite. Ok ça devient systĂ©matique, 1 par sur 2 dĂšs que je mets de lâamplitude. Jâai la solution ! Ma genouillĂšre⊠Et merde. PremiĂšre erreur. Elle se trouve Ă des dizaines de km dâici et personne ne peut accĂ©der oĂč je suis. Jâavais hĂ©sitĂ©, mais je ne lâai pas prise. Le seul endroit oĂč je pourrai la rĂ©cupĂ©rer câest Ă 36 km de lĂ , au sommet du MaĂŻdo, la plus grosse ascension de la course. Celle obligatoire pour sortir de Mafate. Outch il va falloir ĂȘtre descente pour rejoindre Marla est raide, difficile, technique. Mais je ne sais pas pourquoi dans la nuit ça passe un peu mieux, peut ĂȘtre parce que je ne vois pas oĂč je vais⊠Je suis tellement focalisĂ© sur mon genou que jâen oublie le reste. Jâaperçois les lumiĂšres de Marla en contrebas. La descente se termine, il y a quelques centaines de mĂštres de plat, jâen profite pour courir. Bienvenue dans Mafate pour 35 km dâenfer. Jâaurai la chance et la malchance de traverser ce cirque de nuit. Certes je ne vais pas voir ce qui mâattend et ça mâaidera beaucoup psychologiquement, mais je vais rater de supers â 79,1 KM 4572 D+Depuis DĂ©but de sentier TaĂŻbit 6,1 km / 809 d+Temps de course 221351Il est 20h13, jâai lâimpression quâil est minuit. Je commence Ă ĂȘtre dĂ©phasĂ©. En mĂȘme temps ça fait presque 24h que lâon est parti, je nâai pas dormi depuis 36h et jâai 80 bornes et 4500 d+ dans les jambes. Je mâarrĂȘte quelques minutes Ă Marla le temps de remplir les gourdes, manger un morceau. Je me suis assis quelques minutes, suffisament pour avoir un coup de barre. Je me tate Ă dormir ici⊠Ah je ne suis pas le seul ! Par terre en plein milieu du ravito il y a un trentaine de raideurs enroulĂ©s dans leurs couvertures de survie, on dirait un bac de bonbons papillotes argentĂ©s, ceux que lâon trouve Ă NoĂ«l ! Je demande Ă un bĂ©nĂ©vole si il y a des lits de camps pour dormir dans les prochains ravito, il me dit que non, quâil faut aller jusquâau 98Ăšme pour ça. Environ 7â8h plus loin donc. Il commence Ă pleuvoir, super. Je ne rĂ©flĂ©chis pas et dĂ©cide de repartir. Je veux faire un maximum de chemin dans la nuit. Je me lĂšve de ma chaise, AĂE, mon tendon a refroidi lui aussi et câest super douloureux. Je suis coureur me montre la tente des infirmiers, je vais les voir.âCoucou ! Jâai une petite douleur Ă la patte dâoieâ. Ils me rĂ©pondent - Ah bah on va te chercher la kinĂ©â. Elle arrive. - Salut ! Quâest-ce qui tâarrives ? - Jâai mal au tendon de la patte dâoie, une tendinite que je traine depuis 5 mois que je croyais soignĂ©e, mais non. Quand je marche il claque et lĂ il a refroidi. Elle palpe le tendon. - Ah oui en effet câest inflammĂ©- En effet⊠Tu peux faire un truc ? - Non. Le mieux câest que tu Ă©vites de marcher en rotation BAH MERCI ! On est probablement sur la course avec le terrain le plus accidentĂ© du monde mais âfais attention Ă ta façon de courir et marcherâ. Je vais rĂ©apprendre Ă marcher droit dans Mafate câest parti. Je mâimagine Ă Paris, payer la consultation 70âŹâŠJâĂ©clate de rire et lui demande si elle a Ă©tĂ© tĂ©lĂ©portĂ©e ici oĂč si elle a pu voir Ă quoi ressemblent les sentiers ici ? Elle me rĂ©pond - Je sais câest compliqué⊠Je peux te poser un bout de strap Ă lâinsertion pour Ă©viter quâil claque mais je te garantie pas que ça va marcher. Câest de la mĂ©decine de comptoir. Tu peux mettre du baume du tigre si tu veux cool jâen ai dans mon sac, mais lĂ on va pas faire de miracle. Tu es au stade 1 de la tendinite, ça peut le faire jusquâau bout. Mais dis toi que ça ne pourra pas aller en sâamĂ©liorant. Elle sâexĂ©cute et me laisser Merci Ă toi, bonne repars du ravito illico, un peu blasĂ© par lâaide apportĂ©e. Finalement au bout de 2 km, jâarracherai le strap qui me faisait encore plus mal.âAllo papa ? tu peux mâamener la genouillĂšre demain matin stp?â⊠à ce mĂȘme moment, jâapprends lâarrivĂ©e des 2 premiers François DâHaĂšne et Benoit Girondel, main dans la main en battant le record de lâĂ©preuve 23 heures 18 minutes et 48 secondes. Câest hallucinant. Ce sont des monstres. Comment font ils pour avancer aussi vite dans ces endroits ? On ne peut sâen rendre quâen Ă©tant soi-mĂȘme sur cette Ă©preuve. Et moi je viens de passer la moitiĂ©. Jâavance comme un zombie. On traverse une riviĂšre de galets, puis ça monte sec pendant quelques minutes sur des escaliers bien raides. Je me souviens parler avec le mec devant moi, mais je ne sais plus de quoi on a parlĂ©. Jâai rĂ©alisĂ© Ă un moment quâil Ă©tait plus lent que moi et que je mâĂ©tais confortĂ© dans son rythme. Je le double et rattrape un petit groupe devant. Nous sommes dans les Plaines des Tamarins il me semble, je reconnais le terrain relativement plat et la vĂ©gĂ©tation. On marche sur un terrain accidentĂ©, des racines, beaucoup de racines dans mes souvenirs. Jâai retrouvĂ© des jambes et jâai envie de passer le moins de temps possible ici. On dirait le Sud⊠dans les oreilles. Tiens marrant, on dirait pas la sud ici. Je rattrape encore un groupe que je double, et aperçois en face une belle montagne avec des lumiĂšres de frontale tout en haut. Ahhhhh, il va falloir monter !Une fille arrive Ă ma hauteur, ou peut ĂȘtre que câest moi qui suis arrivĂ© Ă la sienne. Câest flou. Je ne sais pas Ă quoi elle ressemble. La nuit tout nâest que formes, frontale et voix. On se parle pendant quelques kilomĂštres. Nous discutons. Elle mâexplique la suite du parcours et comprend rapidement que je ne suis pas dâici et que je nâai aucune idĂ©e de ce qui nous attend. - ⊠LĂ on va monter le col des boeufs, et aprĂšs on va enchainer avec Sentier Scout pas longtemps aprĂšs. - Super nouvelle ça ! - Tâes pas dâici toi⊠Tu viens dâoĂč ? - Paris, jâai atterri ici il y a 2 jours. - Et tu es dĂ©jĂ venu avant ? - Non. - Donc tu nâas jamais marchĂ© sur les sentiers de la RĂ©union ? - Ah bah si ! Ăa fait 24h dĂ©jà ⊠- Mais ça va ? - Nickel. Jâai un peu mal au genou, mais câest super sympa chez Tâes fou ? - Non je trouve ça cool comme challenge. Câest mon premier Grand lui explique que ma stratâ pour le grand raid, câĂ©tait surtout dâĂ©tudier le profil de la course km par km avec le dĂ©nivelĂ©, sans trop me soucier du terrain. Elle a un super rythme aussi, on double beaucoup de personnes dans la montĂ©e du col des boeufs. Je lui demande quelle partie elle redoute le plus, elle mâexplique que câest la triple ascension pour sortir de Mafate, avec le MaĂŻdo pour finir. Hein ? Triple ? Tu en haut du cul aprĂšs une belle ascension elle mâexplique que lâon a quittĂ© Mafate pour quelques kilomĂštres et que lâon est dans le cirque de Salazie ! Pour pas longtemps, mais au moins on y sera passĂ©. Il y a une descente de quelques centaines de mĂštres avant dâarriver au prochain ravito, je me rends compte quâen plus du genou jâai trĂšs trĂšs mal aux pieds⊠Bizarre. Il faut encore que je change de chaussettes ? Jâai lâimpression dâavoir mis de la crĂšme il nây a pas si longtemps. Elle file devant, je suis ralenti dans la descente. Je la rattraperai dans la montĂ©e du au ravitaillement de la Plaine des merles. Pas de chrono ici. Le pointage se trouve Ă 3 km dâici au fameux sentier scout. Ănorme coup de barre. Si mes souvenirs sont bons il est 23h15 Ă ce moment lĂ . Ăa fait donc plus de 25h que je suis en course et jâai passĂ© la moitiĂ© ! Youpi. Je demande Ă un bĂ©nĂ©vole sâil est possible de sâallonger sur les lits de camps dans la tente, il mâexplique que les lits sont pour les blessĂ©s. Ambiance seconde guerre mondiale Ă Plaine de merles. Bon je comprendrai que câest le cas sur tous les ravitaillements et câest bien normal dans la plupart des cas. Il me dit âTâes cassĂ© lĂ , va tâallonger juste devant la tente je viendrais te rĂ©veiller dans 15 min.âAvant ça, jâen profite pour me remettre de la crĂšme sur les pieds mais ça ne me soulage pas. Tiens donc. Je sors la couverture de survie de mon sac et rĂ©ussi ma premiĂšre micro sieste de 15 minutes Ă mĂȘme le sol en plein milieu des arbres Ă cĂŽtĂ© dâautres coureur. Il doit y avoir des araignĂ©es de lâespace ici... 23h30, je me rĂ©veille naturellement. Câest dingue comme le cerveau est programmable. En me rĂ©veillant, jâaperçois le bĂ©nĂ©vole Ă lâautre bout du ravitaillement. Je pense quâil mâavait complĂštement oubliĂ©. Heureusement que je me suis rĂ©veillĂ© tout seul ... Jâavais mis 5 rĂ©veils et le portable collĂ© Ă lâoreille de toute façon, pas folle la seul problĂšme câest que je suis littĂ©ralement frigorifiĂ©. Tout a refroidi, les muscles, les pieds, la tendinite. Il fait trĂšs froid et humide dans Mafate. Mon corps mâenvoie des signaux et semble me dire âeuh⊠tu te foutrais pas un peu de ma gueule lĂ ? Allez câest bon je me casse, dĂ©merde toi. Non non je ne te rĂ©chauffe pas dĂ©merde toi enfoirĂ©. Ah tu as mal ? TIENS ! AIEâ. Jâessaie de me rĂ©chauffer, je vais boire un thĂ© au ravitaillement mais il faut que je reparte trĂšs vite. Chaque pas est atrocement douloureux. Je nâarriverais mĂȘme pas Ă dĂ©crire cette douleur. Les pieds brĂ»lent Ă chaque frottement avec la chaussure, les chevilles ont Ă©tĂ© mis Ă rude Ă©preuves et, Ă froid, envoient une douleur similaire Ă celle que lâon pourrait avoir quand on marche avec une entorse. La tendinite a refroidi et est Ă vif. Seuls mes muscles semblent bien tenir la baraque. Jâenroule ma couverture autour de moi et jâavance tel un blessĂ© de guerre⊠Que câest compliquĂ© de repartir. Je suis dans le gaz complet. Jâavance comme je peux et arrive Ă Sentier Scout, 45 min plus SCOUT â 89 KM 5167 D+Depuis Marla 9,9 km / 595 d+Temps de course 264035Bon jâai du mal Ă croire que jâai mis 4h pour faire cette partie de 10 km. Quâest-ce que jâai foutu putain ? MâarrĂȘter mâa fait perdre du temps.âCombien de kilomĂštres monsieur ?â - Jâai 94 Ă la montre, câest fou ça quand km de diffĂ©rence avec le parcours officiel, je veux bien avoir trainĂ© des jambes sur 1 ou 2 ravito, ce qui aurait pu gratter 1 km, mais quand mĂȘme ⊠il faut que je prenne cette donnĂ©e en compte maintenant. Jâai pu me rĂ©chauffer heureusement. Jâai beaucoup pensĂ© Ă lâhistoire de Mathieu Dossard 263 que jâai rencontrĂ© avant le dĂ©part, et son abandon pour cause dâhypothermie. Je me rends compte que jâai fait exactement la mĂȘme erreur, presque au mĂȘme endroit et que ça aurait pu me coĂ»ter la course. MalgrĂ© cela, dormir 15 minutes mâa fait du bien, je sens que ça mâa reposĂ© lâesprit. Jâai gardĂ© ma couverture de survie en la coinçant entre mon sac et ma hanche au cas oĂč jâen aurais encore besoin dans la Scout, je lâimaginais comme un petit sentier bien sympa qui descend pendant 10 km, sans difficultĂ© majeur. Bon il nâest pas bien compliquĂ© au final, mais il nâest pas non plus trĂšs roulant. Mes Ă©couteurs me lĂąchent⊠Oh non. Je vais passer la nuit sans⊠Tant pis, dont je me souviens surtout, câest que nous sommes dans le noir le plus complet, que je suis Ă©clairĂ© par ma frontale et que jâavance dans des endroits avec le vide Ă 50 cm de moi. Ăa doit ĂȘtre magnifique de jour⊠Je reconnais une crĂȘte que jâai vu dans les vidĂ©os de zinzin Denis Clair que je traverse de nuit. De chaque cĂŽtĂ© il y a environ 400 mĂštres de vide. Dans le noir on imagine la grandeur du paysage et on se sent ce moment prĂ©cis je me suis arrĂȘtĂ© une nouvelle fois pour Ă©teindre ma frontale. Je suis au beau milieu de nulle part en pleine, sur une Ăźle perdue dans lâocĂ©an Indien. Sur cette crĂȘte, de part et dâautre le vide, il nây a ni bruit, ni lumiĂšre, ni pollution, loin de Paris. Rien. Je vous laisse imaginer Ă quoi peut ressembler le ciel dans ces conditions. Par la suite, je me rappelle avoir traversĂ© de nombreuses ravines maintenant que vous savez ce que câest, des descentes raides puis des montĂ©es sur le versan dâen face avec des marches Ă nâen plus finir. Câest assez casse patte mais jâavais anticipĂ© ces moments. Les sentiers se font de plus en plus Ă©troits dans les montĂ©es, Ă tel point quâil y a parfois des cordes sur les cĂŽtĂ©s pour se tenir et Ă©viter tout risque de chute. JâĂ©vite de trop faire le malin pour ne pas tomber dans le ça de nuit. Extrait de souffre de plus en plus. Autant les douleurs au psoas et au bassin ont totalement disparu, autant la douleur de la tendinite sâintensifie petit Ă petit. Pareil pour celle de mes pieds⊠Ăa devient insupportable. Chaque pas que je fais fait frotter mes orteils contre ma semelle et produit une douleur horrible. Comme si on vous frottait du papier ponce contre la peau pendant des heures et des heures. Câest indescriptible. Et comme vous pouvez le voir sur le profil de course, dans Mafate on descend pendant des kilomĂštres pour arriver au fin fond. Et il faut voir Ă quoi ressemblent ces descentes⊠Des lacets, des marches de roche de 50 cm, des racines Ă perte de vue. En passant je vois Ă©normĂ©ment de coureurs qui sont arrĂȘtĂ©s sur le bord, enroulĂ©s dans leur couverture de souffre le martyr, obligĂ© de mâarrĂȘter encore dans la descente pour remettre de la crĂšme NOK sur mes pieds, dont je commence Ă manquer. Lâendroit est trĂšs beau, Je mâassois sur ma couverture de survie et en profite pour manger une barre. Tout est silencieux autour. Nous sommes sur un chemin en terre bordĂ© par des arbres que je reconnais malgrĂ© la de ne doit pas ĂȘtre trĂšs loin du prochain ravitaillement âIlet Ă Bourseâ au km enlevant ma chaussure, je constate que la situation est plus grave que prĂ©vue. Mes pieds font une rĂ©action Ă la matiĂšre de mes semelles orthopĂ©diques⊠Ils ont gonflĂ© avec le frottement ce qui explique la douleur que je ressens et les ampoules qui se forment sur les bords mon pieds. DeuxiĂšme grosse erreur. Jâai oubliĂ© les semelles dâorigine Ă Paris. Jâavais prĂ©vu de les prendre mais en prĂ©parant ma valise elles sont restĂ©es dans la boite. Je me suis rendu compte au moment oĂč je prĂ©parais mon sac le matin du dĂ©part⊠Le frottement en dessous de mes orteils est insupportable, mais ce sont les 2 gros qui sont les plus douloureux. Jâattrape 2 compeed dans mon sac que jâenroule autour, peut-ĂȘtre que ça attĂ©nuera les frottements... Je rĂȘve de plonger mes 2 pieds dans une bassine dâeau glacĂ©e⊠Cette image parait si lointaine mais câest ce dont jâai besoin lĂ maintenant. Au moins quelques minutes, juste pour quâils repars, en boitant. Ăa descend encore et toujours. ArrivĂ© en bas nous traversons un petit pont qui bouge Ă©normĂ©ment au dessus de la riviĂšre, et nous remontons aussi sec !Toujours de nuit. Extrait de crois que nous enchaĂźnons encore 2â3 ravines avant de grimper une ultime fois. Le ravitaillement nâest plus trĂšs me rends compte que jâai mes premiĂšres hallucinations. Je nâai pas vu de bateau gĂ©ant, ni dâĂ©lĂ©phant rose comme certains. Juste un phĂ©nomĂšne Ă©trange qui transforme toutes les tĂąches prĂ©sentes sur les troncs dâarbres et les roches que je croise en visages / petits dessins / bonhommes. Je suis fascinĂ© par la vitesse Ă laquelle mon cerveau perçoit et crĂ©e simultanĂ©ment dans cet Ă©tat. Jâimagine que câest la fatigue visuelle qui provoque ça mais je trouve que câest hyper pratique pour la crĂ©ativitĂ©. Bon si ça se trouve ce sont vraiment des petits dessins qui sont dessinĂ©s mais je doute quâau find fond de Mafate, des randonneurs se soient amusĂ©s Ă pimper tous les cailloux. Jâarrive trĂšs vite au ravitaillement dâIlet Ă Bourse, au km Ă BOURSE â 97 KM 5447 D+Depuis Sentier Scout 7,8 km / 280 d+Temps de course 292841âBonsoir, il y a des infirmiers ?â - Non prochain ravito, au 100Ăšme, Ă 45 minutes dâici. - Et merde, merci !Jâai 1h45 dâavance sur la barriĂšre horaire. Je remplis une seule gourde, mange un quartier dâorange et file dans la foulĂ©e. Je ne peux plus supporter la douleur qui me prend les nerfs, je subis rĂ©ellement la situation. Je nâai quâune hĂąte, que lâon me soigne et que lâon me trouve une solution pour y remĂ©dier. Ma course est complĂštement remise en question si je dois encore subir 30h dans cet Ă©tat. La portion qui suit est du chemin de forĂȘt, ça monte pendant 1 km histoire de se manger une petite ravine ensuite. Et Ă©videmment ça descend sur un single pendant 2 km pour arriver presque tout en bas de Mafate. Je dis bien presque⊠La particularitĂ© de cette portion est quâil doit y avoir une riviĂšre pas trĂšs loin, je me souviens entendre un bruit sourd dans la nuit, le croassement des crapauds. Ils sont bien Ă©nervĂ©s les crapauds PLACE â 100 KM 5573 D+Depuis Ilet Ă Bourse 3,2 km / 126d+Temps de course 302912100 BORNES. Et oui, jâai mis 1 heure pour faire les 3 km. Descente = combo frottement sous les pieds + appui sur le tendon douloureux. Ai-je encore prĂ©cisĂ© que je nâavance plus en descente ?Il est 4h30 du matin de la deuxiĂšme nuit, jâarrive Ă Grand Place, point clĂ© de la course. Je file tout de suite au âposte de secoursâ oĂč je tombe sur deux jeunes infirmiĂšres que jâappellerai TIC & TAC pour les besoins de lâhistoire.âBonsoir Tic & Tac, jâai besoin de me faire soignerâTic Bonsoir, assieds toi. Que se passe-t-il ? Moi Je souffre terriblement dâĂ©chauffements sous les pieds et sous les orteils, je ne supporte plus la matiĂšre de mes semellesâ. Tac Ah, nous on nâest pas podologue dĂ©solĂ© on ne peut rien Je sais, mais pouvez-vous essayer de faire quelque chose pour les semelles svp ? Mettre de la crĂšme dessus, du sparadrap, de lâĂ©lasto, de la glace, nâimporte quoi. Regardez lâĂ©tat des mes piedsâŠTic Non dĂ©solĂ© on est pas habilitĂ© pour ça. Moi HabilitĂ© pour quoi ? Tac Pour mettre du sparadrap sur une semelle. Il faut que tu voies Ă Sans Souci au 125Ăšme km, il y aura des podologues. Moi Il faut ĂȘtre habilitĂ© pour ça ? SĂ©rieusement les podologues sont Ă 25 km, avec 2000 de dĂ©nivelĂ© positif et nĂ©gatif. Câest la partie la plus difficile de la course⊠Vous ne pouvezâŠBon filez moi des ciseaux svp, je vais le mâexĂ©cute. Je coupe un bout dâĂ©lasto que trouve dans mon sac et le colle au niveau des orteils. Je mets de la crĂšme par dessus. Je veux bien que ce soit du bĂ©nĂ©volat, mais il y a certains bĂ©nĂ©voles semblent dĂ©couvrir ce quâest le Grand Raid. Heureusement ce nâest quâune infime minoritĂ©. Tout ceux que jâai croisĂ©s Ă Cilaos, Sans Souci ou Ă certains ravito Ă©taient au top, prĂȘt Ă se dĂ©mener pour toi pour remplir tes gourdes, te soigner etc. Mais dâautres franchement ⊠Dans la minute qui suit, un homme arrive extĂ©nuĂ©. Il demande Ă sâallonger 10 minutes sur les lits de camps car il nâen peut plus. Il y en a une dizaine de dispo. Elles refusent, les lits sont pour les blessĂ©s. Câest limite je trouve. Le mec est Ă bout de force, personne nâutilise les lits. Si 10 blessĂ©s arrivent il sâen ira, mais de lĂ Ă refuser catĂ©goriquementâŠEn bouclant mon sac, et pour conclure ce malencontreux Ă©pisode, Tic sâadresse Ă Tac Tu peux aller me chercher un snickers stp ? Jâen peux plus lĂ . NoisetteAddictJe vais mâalimenter au ravito et repars pour 13 kilomĂštres trĂšs, trĂšs compliquĂ©s. On va se prendre successivement 200 d+ sur 1,5 km400 d- sur 1,5 km 150 d+ sur 1 km 150 d- sur 1 km 650 d+sur 3 km1000 d+ sur 5 kmJe fais le malin avec mes beaux chiffres lĂ mais je nâen avais aucune idĂ©e pendant la course. Tout ce que je savais, câest quâil fallait aller en haut du MaĂŻdo Ă 112â113 km et quâil y avait une ascension de dingue Ă ce moment lĂ . Bon visiblement ça part de plus loin que prĂ©vu et surtout, il y a des descentes dans les ascensions. A bientĂŽt Tic & Tac !Jâattaque le premier morceau. Au loin sur le versan opposĂ© jâaperçois les frontales des coureurs qui arrivent au col du MaĂŻdo⊠Câest si loin et si haut ! Je continue mon ascension sans perdre espoir, ça monte trĂšs trĂšs sec mais jâavance bien pendant que le soleil pointe le bout de son nez. Il fait jour lorsque jâarrive en haut de la premiĂšre montĂ©e. FIN DE LA DEUXIĂME NUIT !On doit monter tout en haut en face. Extrait de peine arrivĂ© en haut, il faut redescendre tout en bas. Comme dâhab⊠VoilĂ toute la spĂ©cificitĂ© de cette course, pour monter en haut dâun col il faut dâabord monter, puis descendre, puis monter plus haut, puis redescendre plus bas et finalement monter. Gros, gros coup dur. On se lance dans un mur verticale de 400 mĂštres de dĂ©nivelĂ© en un peu plus dâ1 km. Câest la descente la plus dangereuse de la descend jusquâen basJe suis lent⊠Je ralenti des gens et ça mâagace mais je souffre terriblement. Les passages dans lesquels on passe sont complĂštement dingues. On a mĂȘme le droit de descendre un ruisseau quasiment vertical, ça glisse et câest super dangereux. Jâarrive en bas sur les rotules. Jâai un coup de fatigue Ă©norme et je perds en luciditĂ©. Nous sommes au bord de la riviĂšre de galets Ă Roche AncrĂ©e, au point le plus bas de Mafate. Maintenant lâobjectif câest dâarriver au point le plus haut et dâen est tout en bas. Extrait de ce sera le moment le plus dur de ma course. La fatigue mentale prend le dessus et je suis au bord du craquage. Nous sommes entourĂ©s de montagnes immense, des murs extrĂȘmement raides. Câest hyper oppressant et pour en sortir, nul autre choix que de monter. Je regarde mon tĂ©lĂ©phone il doit ĂȘtre 6h30 du matin je crois. Dans un Ă©lan de luciditĂ©, je dĂ©cide de mâallonger sur une bĂąche au bord de cette riviĂšre et demande au bĂ©nĂ©vole de me rĂ©veiller. 10 minutes plus tard je me rĂ©veille encore naturellement, en profite pour me remettre de la crĂšme sur les pieds, manger une barre et reprendre un doliprane. La sieste mâa fait le plus grand bien et je repars Ă mâapprĂȘte Ă attaquer les 5 km et 800 d+ pour monter Ă Roche Plate. On mâannonce 2 heures dâascension environ, je pense mettre moins. Au TaĂŻbit câest presque le temps que jâai mis pour monter et redescendre Ă Marla. Je pars trĂšs vite, je double beaucoup de personnes je lance des âallez courageâ Ă tous ceux que je croise, mais au bout dâ1 km, ça redescend aussi sec. Il commence Ă pleuvoir. Je deviens fou⊠Nous redescendons presque aussi bas Ă une nouvelle ça remonte aussi sec. Si mes souvenirs sont bons, il reste une seule ravine Ă descendre dans lâascension puis que de la montĂ©e jusquâĂ roche de croisons des personnes qui descendent. Je mettrai un peu moins de 2 heures pour arriver au ravitaillement de Roche Plate. Comme quoi les ascensions avec des descentes cachĂ©es ce nâest pas mon truc âŠĂCOLE ROCHE PLATE â 108,5 KM 6519 D+Depuis Grand Place 8,5 km / 946 d+Temps de course 345026108â109 km au compteur environ, presque 35h de course. Il est 8h50 du matin. Il fait trĂšs beau et commence Ă faire est peu commun. Nous sommes en plein milieu de Mafate coincĂ©s dans la montagne, dans une Ă©cole. Il nây a aucune route Ă proximitĂ©, simplement des montagnes et des cassures Ă perte de vue. Câest incroyable. Les gens qui vivent ici doivent tellement avoir une vie diffĂ©rente de la notreâŠExtrait de me pose quelques minutes, en profite pour bien faire le plein de sucre et de sel. Jâai des larmes qui coulent et je ne me rends Ă peine compte. Je relis la causerie dâavant match de Nicolas sur mon tĂ©lĂ©phone. Je sais ce qui mâattends, le MaĂŻdo, un mur vertical qui se dresse tout droit devant nous. Je ne rigole pas, câest vertical vu dâen MaĂŻdo. Extrait de Djodei wall de Games of Thrones câest rien Ă cĂŽtĂ© âŠJe perds du temps au ravito, encore obligĂ© dâenlever les chaussures pour mettre de la crĂšme, remettre du baume du tigre sur le tendon. Je rĂȘve de rĂ©gler ce problĂšme de semelle, mais rien nây fera. Jusquâau bout du bout, je devrai les je repars de Roche Plate. Je retire ma veste, il fait trop chaud. On doit monter 2 km pour arriver Ă âLa BrĂšcheâ et ensuite ce sera 4 km verticaux. Je recharge une nouvelle fois ma du mal sur les 2 km, jâai probablement mangĂ© trop vite au ravito. Du classique, des marches en pierre, des racines Ă escalader. Rien de trĂšs Ă©tonnant. ArrivĂ© Ă la brĂšche le bĂ©nĂ©vole me dit quâil faut 2h pour atteindre le sommet. Je lui dis que je mettrai moins. Pari tenu !Vu depuis la brĂšche, La riviĂšre oĂč nous Ă©tions quelques km plus parti pour LA grosse ascension de cette diagonale des fous, celle que je redoutais depuis des semaines. Celle dont tout le monde parle. Contrairement au TaĂŻbit qui est essentiellement composĂ© de marches, le MaĂŻdo câest le bor-del. Allez Thibault câest ton moment. Jâactive le mode Blaise Matuidi et je pars en trĂšs raid, trĂšs trĂšs accidentĂ©. On escalade des blocs de pierre, on ne fait jamais le mĂȘme pas, ça glisse, ça roule. Il nây a rien qui va dans cette ascension !Extrait de que câest bon dâavoir retrouvĂ© les jambes et la tĂȘte. Il se met Ă pleuvoir et il fait en mĂȘme temps une chaleur toute la premiĂšre partie 2 km, jâaccroche des petits groupes pendant quelques lacets, on sâencourage et je passe devant. Câest vrai lâascension est trĂšs longue et Ă©puisante psychologiquement. Ăa me rappelle la descente de lâenfer pour aller Ă Cilaos mais dans lâautre sens. On monte, on monte mais on nâa lâimpression que la crĂȘte est toujours aussi Ă©loignĂ©e. Il faut imaginer monter 4 km et oĂč chaque pas tire sur les cuisses et est compliquĂ© Ă fais la seconde moitiĂ© de lâascension avec un local, sans dossard, qui accompagne un de ses amis. Il a de lâesprit, on rigole beaucoup. Nous finissons lâascension tous les 2 Ă un bon mur vu dâen hautMaman inquiĂšte pour son fils !Je mets environ 1h20 Ă atteindre le sommet depuis la brĂšche ce qui est vraiment correct, Ă mon niveau encore une fois. Il est 11h30. Tel le dragon aux yeux bleux, je viens de fracasser le MaĂŻdo. Comme pour son petit frĂšre le TaĂŻbit, je ne lui ai laissĂ© aucune haut mes parents mâattendent avec Patrick & Laura. Passer le sommet du MaĂŻdo câest un grand moment. Il y a vraiment du monde lĂ haut et trĂšs grosse ambiance dĂšs que lâon arrive au sommet. On nous encourage âBRAVO THIBAULTâ ça redonne des forces et le sourire pour la suite ! Apparement jâai une trĂšs bonne tĂȘte, ça les mâassois sur un coin dâherbe avec ma super Ă©quipe dâassistance changement de t-shirt, recharge du sac en barres, retrait des chaussures, bombe de froid, nouveau tube de crĂšme, nouveaux Ă©couteurs. Ma mĂšre me tend mĂȘme un Kinder Bueno ! Ăa fait si longtemps que je nâen ai pas mangé⊠Je le surtout je rĂ©cupĂšre enfin ma genouillĂšre que jâattends depuis 16 heures. En lâenfilant, je me rend compte que câest dĂ©jĂ trop tard. Le tendon est trop inflammĂ© et trop gonflĂ© pour que je puisse la supporter. Tant pis, il faudra faire sans⊠Jâai quand mĂȘme parcouru 1 km avec et eu le temps de me faire flasher par les photographes !On mâannonce que le pointage et ravitaillement de MaĂŻdo se situe Ă 2 km du sommet sur la crĂȘte. Je quitte ma super assistance et repars avec mon pĂšre qui me propose de mâaccompagner sur la prochaine TĂTE DURE â 115,5 KM 7598 D+Depuis Roche Plate 7 km / 1079 d+Temps de course 383126MaĂŻdo TĂȘte Dure, 12h30. Jâai traĂźnĂ© lĂ haut avant dâarriver au pointage et au ravito. Je ne reste que quelques minutes, je me tĂąte Ă me faire strapper le genou mais je prĂ©fĂšre attendre les kinĂ©s de Sans Souci. Au programme, une descente de 14 km avec 1600 de dĂ©nivelĂ© nĂ©gatif, rien que ça. Avec lâĂ©tat de mes pieds et de mes genoux je suis trĂšs quelques kilomĂštres, nous marchons sur la crĂȘte du MaĂŻdo en alternant petites montĂ©es et descentes sur terrain accidentĂ©. Mon pĂšre comprend que ce nâest pas une petite ballade la diagonale !Surtout, je ne vois pas le dĂ©nivelĂ© nĂ©gatif Ă©voluer. Je trouve ça Ă©trange. Finalement ce sont les 10 derniers km qui vont ĂȘtre difficiles⊠Plus je marche et plus je souffre. Câest au tour de mon genou droit, lâautre en lâoccurence, de devenir douloureux. La bandelette ilio-tibiale commence Ă siffler sĂ©vĂšrement Ă force de descendre. Mes pieds brĂ»lent, ma tendinite sâintensifie. Câest la m**de, je suis en train de perdre lâintĂ©gralitĂ© de mon moyen de transport. Et ça descend, des marches, des chemins. Câest interminable. La pluie sâinvite, Ă©videmment. Jâai besoin de me faire soigner les pieds et les genoux, ça mettons plus de 4h pour atteindre Sans Souci. Interminable. Je me suis fait doubler toute la descente, ça me rend fou. Jâavais doublĂ© tant de monde depuis Roche Plate. Cette descente que je pensais ĂȘtre un moment de rĂ©pit dans lequel je pourrais courir et envoyer sâest avĂ©rĂ©e ĂȘtre un cauchemar. Pas difficile en soi, pas technique mais mon Ă©tat physique lâa rendue compliquĂ©e Ă gĂ©rer. Dans la descente, nous croisons des gens Ă qui je demande systĂ©matiquement âcombien de temps Sans Souciâ. Et dâune personne Ă lâautre on se retrouve avec â20 minutesâ, â1 heureâ, â40 minutesâ. Si vous voulez un conseil, ne demandez pas, jamais. Jâai fait lâerreur jusquâĂ lâarrivĂ©e et on se fait du mal SOUCI â 128,6 KM 7665 D+Depuis MaĂŻdo tĂȘte dure 13,1 km / 67 d+ / 1600 d-Temps de course 42462416h30, nous arrivons Ă Sans Souci oĂč je retrouve mes parents Patrick & Laura. Ăa fait 128,6 km et nous avons enfin quittĂ© la montagne⊠Sans Souci câest la deuxiĂšme base de vie. Et qui dit base de vie dit attirail complet de soigneurs mĂ©decins etc. Je file mâinscrire sur la longue liste dâattente pour le podologue et le kinĂ© et en profite pour aller manger un repas chaud. Du rougail saucisse avec du riz et des reste encore 40 kilomĂštres avec 2000 d+ / d-. Sur le papier ça va, le plus gros est fait, mais aprĂšs 42h de course, 128 bornes et quasiment 8000 mĂštres de dĂ©nivelĂ©, ça tire un peu. Surtout, je vais devoir faire une 3Ăšme nuit blanche consĂ©cutive. Mais je ne suis pas du tout abattu au contraire, jâai cette premiĂšre impression que plus rien ne mâempĂȘchera dâaller au bout. Peut-ĂȘtre parce que jâai un peu nĂ©gligĂ© la prĂ©paration de cette partie et que je nâen connais pas bien le dĂ©tail. En mĂȘme temps on a quittĂ© la montagne et on ne peut sâempĂȘcher de penser que le plus dur est fait !Jâavale mon repas en 5 minutes, je nâai pas du tout envie de rater mon tour au podologue. Je vais attendre sous la tente, il y a Ă©normĂ©ment de monde. Une personne gĂšre le flux mais elle passe beaucoup de temps Ă appeler des numĂ©ros de dossards qui de toute Ă©vidence ne sont plus lĂ . On nous demande de plonger nos pieds dans une bassine dâeau pour les laver. WOOOOOOOAW. Ăa fait du bien. Jâattends presque 45 minutes avant dâĂȘtre pris en charge par 2 podologues, une par pied. Et la suite nâest pas jolie jolie⊠Elles sortent des seringues et commencent Ă percer les ampoules une par une en injectant du dĂ©sinfectant dedans. Ăa pique mais câest pour la bonne cause ! Elles trouvent mĂȘme une ampoule sous un ongle, belle perf Thibault. Je vous Ă©pargne la photo maintenant mais vous lâaurez Ă lâarrivĂ©e ne vous inquiĂ©tez leur explique mon problĂšme de semelles et dâĂ©chauffement sous les pieds mais elles mâexpliquent quâĂ part enduire le pied et la chaussette de crĂšme, elles ne pourront rien faire de plus. Je leur montre fiĂšrement ma semelle que jâai moi mĂȘme strappĂ©, cela les fait beaucoup rire. Elles trouvent cela ingĂ©nieux bien que pas forcĂ©ment trĂšs judicieux pour le frottement que cela peut provoquer. Franchement ça mâa plutĂŽt rendu service. Elles arrachent les bandages de la CELLOPHANE PUTAIN. En Ă©crivant ces lignes quelques jours plus tard, je me demande si recouvrir ma semelle de cellophane nâaurait pas Ă©tĂ© LA solution. Je fois toutes les ampoules traitĂ©es, elles appliquent un bandage pour Ă©viter que cela sâinfecte et appliquent la stratĂ©gie de lubrification maximale du pied et de la chaussette avant de remettre ma chaussure. AĂŻe, ça pique sĂ©vĂšre. JâenchaĂźne avec les kinĂ©s, je demande 2 strappings, 1 au genou gauche pour limiter la rotation externe et prĂ©server la tendinite au maximum, 1 au genou droit pour le tenseur fascia 2 bĂ©nĂ©voles sây mettent et utilisent tout un rouleau dâElastoplast. Au moins ça ne va pas bouger. Je trouve ça gĂ©nial, que ce soit pour les podologues oĂč les kinĂ©s, les binĂŽmes-bĂ©nĂ©voles sont composĂ©s dâun jeune expĂ©rimentĂ© et dâune Ă©tudiante. Donc nous sommes de parfaits cobayes pour quâils puissent sâexercer, tout le monde y gagne. Je passerai presque 30 minutes sur les tables. En ressortant du ravitaillement, jâessaie de faire une sieste Ă mĂȘme le sol sur les graviers la tĂȘte posĂ©e sur le câest la rĂ©crĂ© Ă Sans Souci. Il fait jour, il y a de la musique, du bruit. Avant de partir mon pĂšre est au tĂ©lĂ©phone avec ma soeur, je lui demande âSi je finis, tu me payes des Airpods ?â Ăa fait des mois que je lance cette phrase dans plein de situations diffĂ©rentes. Elle rĂ©pond âAllez ok â. WOW ! Jâai plus le choix perdu beaucoup de temps Ă Sans Souci Ă attendre les soigneurs mais au moins je suis plus ou moins neuf pour avaler les 40 derniers km. Rien que ça. En partant, Patrick me propose de mâaccompagner sur les 15 prochains km, jusquâĂ la Possession. Je sais quâil adore ça et que ça lui fait plaisir. Jâavale de nouveau un doliprane point prĂ©vention, ne jamais abuser du doliprane en course, trĂšs mauvais pour le foie. Pas plus de 4 toutes les 24h, et minimum 4 heures dâĂ©cart entre chaque. Jâen aurai pris 5 en tout dans la 18h30, nous partons dans les rues de Sans Souci, je suis restĂ© 1h45 au total. Je joue avec le feu en partant avec 1 heure sur les barriĂšres, mĂȘme si je sais que je vais regagner du temps sur la prochaine. Il fait trĂšs lourd, et le soleil se couche trĂšs rapidement. DĂBUT DE LA TROISIĂME ET DERNIĂRE NUIT ! Prochain ravitaillement Ă 10 km et 600 d+ de profitons dâun kilomĂštre sur les routes bĂ©tonnĂ©es, que câest agrĂ©able de poser ses pieds Ă plat⊠ça faisait trĂšs longtemps. Puis nous attaquons un descente technique pour arriver au niveau de la riviĂšre de galet oĂč nous entendons de nouveau des crapauds. Ăa fait un bruit sourd ! Nous la longeons sur 1 km, une portion plate et ultra roulante ! Rien ne mâarrĂȘtera maintenant. Jâai vu sur les vidĂ©os que nous devions traverser cette riviĂšre qui est plutĂŽt remplie cette de galets, extrait de cela, il y a une rangĂ©e de petites pierres glissantes qui sâĂ©tale sur une cinquantaine de mĂštres. Je veux Ă tout prix Ă©viter de mettre le pieds dans lâeau pour ne pas infecter les plaies Ă vif et dĂ©coller le bandage que mâont soigneusement posĂ© les podologues. Il y a une sorte de passeur qui nous aide Ă traverser, je me tiens Ă lui car câest hyper casse gueule. Puis nous nous engageons sur une montĂ©e dans la poussiĂšre et les herbes sĂšches. Nous marchons dans le sens opposĂ© de lâautre cĂŽtĂ© de la riviĂšre, nous avons un trĂšs bon rythme. Je suis frais comme un gardon. Sur notre chemin, nous croisons un homme complĂštement pliĂ© en 2, il vient de se faire un lumbago. Outch⊠Ăa va ĂȘtre compliquĂ© de terminer les 40 km restants. Nous lui donnons un doliprane et lui souhaitons bonne chance, il nous explique quâil nâabandonnera pas tant quâil ne sera pas au sol. Bon ne sais pas sâil est arrivĂ© au bout, mais les portions suivantes nâont dĂ» lui laisser guerre de chance. Nous retrouvons une partie de route. Il y a beaucoup de gens dehors avec de la musique, des ravitos sauvages. Câest trĂšs populaire dans ce quartier. Les gens sont hyper gentils et encourageants. Nous nous engageons sur un chemin montant sur 3â4 km, mon terrain de prĂ©dilection. Je double une trentaine de personnes⊠ArrivĂ© en haut, pointage manuel, et nous redescendons sur un chemin parallĂšle pendant 2 km pour arriver au ravitaillement. Je comprends que le pointage manuel permet de sâassurer que des petits malins qui connaissent le coin ne coupent pas la montĂ©e. Bon visiblement descendre un chemin un tout petit peu inclinĂ© sans aucune difficultĂ© est toujours aussi douloureux, je me refais doubler successivement. Ăa me rend dâarriver au ravitaillement, je me souviens de Nathalie Mauclair qui, quelques mois auparavant, me disait au tĂ©lĂ©phone âfais attention au chemin Ratinaud et chemin Kala, câest un moment que je dĂ©testeâ. Nous sommes dessus et je comprends trĂšs vite pourquoi. Le chemin Ratinaud, il faut lâimaginer comme une pente ultra raide dans la forĂȘt avec des espĂšces de gros rochers posĂ©s dessus. Il nây a rien pour se tenir si ce nâest des lianes et des arbres sur les cĂŽtĂ©s. Câest Ă©prouvant. Heureusement ça ne dure quâun kilomĂštre que je ferai en 25 minutes tout de mĂȘme, juste avant de rejoindre une route bĂ©tonnĂ©e qui nous emmĂšne au RATINAUD â 138,6 KM 8265 D+Depuis Sans Souci 10 km / 600 d+Temps de course 474544La ravito est en bord de route et lâambiance est super ici. Musique Ă fond, barbecue. Je prends mĂȘme une petite merguez sur la route, pensant en avoir fini avec le chemin Ratinaud / Kala. Petit sentiment de devoir accompli, loin de me douter de ce qui mâ vĂ©ritĂ©, le calvaire ne fait que commencer. Chemin Kala veut dire chemin de galets si mes souvenirs sont bons. En descente. AĂŻe. Ce que je croyais derriĂšre est en fait devant moi. Et il fait une chaleur Ă©touffante, je transpire en peine reparti du ravitaillement que lâon se mange une descente hyper technique verticale sur quelques dizaines de mĂštres, et une montĂ©e aussi raide dans la foulĂ©e. Il faut carrĂ©ment escalader avec les mains pour grimper⊠Et nous enchaĂźnerons cela pendant 2 kilomĂštres, du chemin âKoh Lantaâ avec des lianes des rochers, des Ă©chelles en bambou Ă monter et descendre. Câest lâenfer. Je ne mettrai aucune photo de cette partie. Je vous laisse le soin de lâ semble se calmer au bout dâun chemin qui monte dans les galets pendant 3 kilomĂštres. Et qui dit chemin qui monte dit quâil va falloir redescendre derriĂšre. Et merde. Mettre mes pieds sur ces Ă©normes galets me rappelle les pubs de rasoirs Ă la tĂ©lĂ©. Vous savez quand ils mettent des plans dĂ©monstration de leur flexibilitĂ©. La lame est testĂ©e sur des surface sphĂ©rique et cherche Ă se poser Ă plat. LĂ câest pareil, la semelle cherche Ă se poser Ă plat coĂ»te que coĂ»te ce qui fait frotter le pied Ă lâintĂ©rieur de la chaussure et crĂ©er des ampoules de lâespace. Pendant des heures. arrive la descente tant redoutĂ©e dans laquelle je deviens fou une nouvelle fois. Je suis rejoint par une demoiselle un poil trop en forme pour moi qui nâarrĂȘte pas de parler pour ârester Ă©veillĂ©eâ. Mais quand je dis parler, câest parler parler parler. Les questions + les rĂ©ponses. Dâhabitude jâaurais trouvĂ© ça marrant, mais lĂ je suis Ă bout de nerf, je la laisse passer devant moi⊠Câest peut ĂȘtre une stratâ pour remonter des places. Diablement fais encore lâerreur de demander Ă ceux que je croise Ă combien de temps se trouve le ravitaillement et lĂ jâai de tout. 500 m, 3 km, 1 km. Ăa rend complĂštement fou. On nous avait annoncĂ© 7 km entre les 2 ravitaillements, je suis Ă plus de 10 Ă la montre. Jâarrive trĂšs Ă©nervĂ© et Ă©puisĂ© Ă lâĂ©cole Possession. Câest un signe de fatigue. Je fais le point sur le kilomĂ©trage, il en reste une vingtaine parmi lesquels le chemin des anglais, une grosse ascension et une derniĂšre descente technique⊠Ăa fait plus de 51 heures dâeffort que lâon est parti, 60 que je nâai pas dormi. Je ne me sens pas particuliĂšrement mal mais jâai peur que mon corps sâarrĂȘte Ă tout instant oĂč de me blesser dans les derniers kilomĂštres ce qui serait terrible. Je prends la dĂ©cision de faire une vraie sieste Ă la POSSESSIONâ 146,7 KM 8265 D+Depuis Chemin Ratinaud 8,1 km franchement au moins 10 / 126 d+Temps de course 510505Il est 1h05 du matin, 147Ăšme kilomĂštre et je suis hyper Ă©nervĂ© par le chemin que lâon vient de parcourir et tous ces gens qui mâannoncent â15 minutes pour le ravitoâ depuis prĂšs dâune heure. Laura mâa fait la surprise de venir avec mon pĂšre ! Ils se sont inquiĂ©tĂ©s car nous avons mis plus de temps que prĂ©vu. Je file dans le ravito dĂšs mon arrivĂ©e pour remplir mes gourdes et mâalimenter. Je nâai quâune hĂąte, en sortir pour allez faire une demande Ă Laura de me rĂ©veiller Ă 2h00, soit 45 minutes plus tard. Jâen profite pour recharger une derniĂšre fois ma montre pour ĂȘtre sĂ»r de tenir jusquâau bout. Ă peine endormi quâelle me rĂ©veille. Je rĂąle⊠Hein quoi ? DĂJĂ ? Jâai eu lâimpression de fermer les yeux 3 secondes que les 45 minutes Ă©taient Ă©coulĂ©es. Une mi-temps sans dĂ©conner. Le rĂ©veil est compliqué⊠Patrick Papa et Laura me regardent inquiets, comme sâils pensaient que je ne pouvais pas repartir. Je ne les remercierai jamais assez de mâavoir attendu 1h dehors sur le parking Ă 2h05. Plus les heures Ă patienter dehors le temps que jâ mal partout, jâai froid, jâai lâimpression dâavoir de lâacide qui me ronge les pieds. En vĂ©ritĂ© je sais trĂšs bien que jâirai au bout mĂȘme en rampant sâil le faut. Je remets mes chaussures, ma frontale, ma casquette par dessus. Jâavale un doliprane, je branche mes Ă©couteurs et je repars en boitant tel un blessĂ© de Guerre. Jâavance sur le bord dâune 4 voies pendant 300 mĂštres, je ne remarque mĂȘme pas que nous longeons lâocĂ©an Indien. Nous sommes au niveau 0 ! Câest la 3Ăšme nuit consĂ©cutive dehors et sans dormir vraiment, je suis dĂ©phasĂ©. Je nâai quâune seule chose en tĂȘte qui va en boucle le chemin des anglais, le chemin des anglais, le chemin des chemin des anglais⊠ses pavĂ©s de roche volcanique qui sâĂ©tendent sur 7 km. Je lâapprĂ©hende un petit peu, surtout dans mon Ă©tat, presque autant que le MaĂŻdo et le TaĂŻbit. Jâai passĂ© les 2 sans grosse difficultĂ©, Ă moi de me concentrer autant pour le passer sans encombre. Jâaperçois la barriĂšre qui marque le dĂ©but du chemin Ă quelques dizaines de mĂštres, ârappelle-toi des conseils de Nathalie, pas Ă pas dans le cheminâ.Il est 2h30. En entrant sur le chemin jâai 3 personnes Ă ma hauteur. Je leur demande âcombien de temps pour le chemin ?â Ils me rĂ©pondent, â8h jusquâĂ la redoute. 3â4h sur les pavĂ©s environâ⊠Outch le coup de nouveau le mode Blaise Matuidi et je pars Ă pleine balle dans le chemin. Regain dâĂ©nergie, je veux y passer le moins de temps possible. Ăa monte trĂšs trĂšs sec dans un chemin de lacets, pendant 30 minutes. On avance exclusivement sur des pavĂ©s. Il nây en a pas un comme lâautre mais je vole dessus ! Jâavance avec la prĂ©cision Martin Fourcade. Simplement Ă©clairĂ© par ma frontale je touche la cible Ă chaque pas. Le chemin est rĂ©putĂ© trĂšs difficile est en effet on ne nous a pas menti. Jâen vois beaucoup sur le bas cĂŽtĂ© enroulĂ©s dans la couverture de champs de vision pour les 2-3 prochaines heuresJe remonte de personne en personne, je double aisĂ©ment et on ne me double pas. Y compris les rĂ©unionnais que je remonte un par un Nathalie si tu me lis un jour⊠! Par endroit le chemin se montre clĂ©ment. Il y a des passages oĂč on peut facilement enchaĂźner les pavĂ©s. Mais Ă dâautres endroits⊠câest ingĂ©rable. ArrivĂ© trĂšs haut je devine une super vue sur lâocĂ©an mais la nuit me laissera simplement lâ moins mal au pied, le genou clac toujours mais ça fait tellement longtemps maintenant plus de 30 heures que je mây suis presque habituĂ©. Ici encore dans les pavĂ©s on nous fait traverser des ravines. Mode escargot en descente⊠Puis je repars en flĂšche dans la montĂ©e. Au bout dâ1h30 dans le sentier, aprĂšs une ultime ascension. Jen profite pour Ă©teindre ma frontale une derniĂšre fois en essayant de profiter au maximum du lâheure de la grande descente en lacet. Mode pente ne blague pas et les pavĂ©s sont passĂ©s au niveau supĂ©rieur. Ce sont presque des petits rochers maintenant. Câest le boss final de ce chemin des anglais⊠à tout moment la cheville part, sortie sur civiĂšre, coup de sifflet final. Je reste concentrĂ© et me fais habituellement doubler dans la pente. Je mâen fous, allez-y passez. La route que nous voyons en contrebas est celle que nous devons rejoindre. Câest bas en effet⊠Jâavance, pas Ă pas, je souffre terriblement dans cette descente, mais jâavance. JusquâĂ cette fameuse barriĂšre qui viendra clĂŽturer ce maudit chemin des me semble avoir levĂ© les bras juste aprĂšs lâavoir passĂ©, comme si la course Ă©tait finie. Je me souviens dâun sentiment du devoir accompli Ă ce moment-lĂ . Je suis sur le bord de la route Ă©clairĂ© par des lampadaires. Câen est fini de lâascension interminable du dĂ©but de course dans le noir, terminĂ© Mafate, ses sentiers accidentĂ©s, ses pentes abruptes et ses piĂšges. Place Ă la civilisation, les voitures qui annoncent que ce nâest plus si loin. Les bĂ©nĂ©voles nous fĂ©licitent chaleureusement et nous indiquent le chemin pour rejoindre le pointage et le ravitaillement. Nous marchons maintenant sur un vieux chemin de fer abandonnĂ© et arrivons au ravitaillement de la Grande CHALOUPE â 154,2 KM 8701 D+Depuis La Possession 7,5 km / 310 d+Temps de course 544514âIl reste combien de km Madame ?â- LĂ vous avez encore 9 kilomĂštres dâascension jusquâau Colorado, les 3 premiers Ă©tant sur les pavĂ©s volcaniques et merde. Ensuite environ 4 km de descente technique et câest terminĂ©. Moi qui croyait que câen Ă©tait fini de ces pavĂ©s⊠DâoĂč je suis on voit les frontales qui passent le col. Ăa grimpe sec km et 1000 d+. 13 km qui viendront sâajouter aux 154,2 dĂ©jĂ parcourus et ce sera la ligne dâ est 4h45 du matin, je mâassois pour profiter de cet avant dernier ravitaillement. Le jour commence Ă se lever, on aperçoit les premiĂšres lueurs au loin. Jâai un petit coup de barre, mais la fatigue ne prendra plus le pas sur ma volontĂ© dâaller passer la ligne dâarrivĂ©e. En parlant de ligne dâarrivĂ©e, il est obligatoire de porter le t-shirt officiel dans le stade de la Redoute. Câest gĂ©nĂ©ralement ici que les coureurs se changent. Je lâattrape dans mon sac, retire mon t-shirt technique et enfile ce magnifique t-shirt jaune et blanc. Il est tout propre et sec. Ăa sent bon la lessive et la fin du Grand Raid. Mais avant ça Thibault tu dois rester concentrĂ©, il y a encore 4 heures pour y arriver. Jâai encore moyen dâaller chercher les moins de 60 me relance dans les pavĂ©s, avec mon t-shirt tout propre et frontale allumĂ©e. Câest parti pour 9 km de montĂ©e avec 800 d+,Ici, de nuit encore. Extrait de double tous les coureurs de la montĂ©e car jâai retrouvĂ© mes jambes du dĂ©part. Comme quoi envoyer un message Ă son cerveau que la fin de la course approche et la douleur disparaĂźt presque. Puis au terme des 3 km qui viennent clĂŽturer 10 km de pavĂ©s volcanique, le sol sâadoucie. Nous marchons sur ce qui semble ĂȘtre de lâherbe sĂšche, de la terre. Quel bonheur. Il fait complĂštement jour câest la FIN DE LA TROISIĂME ET DERNIĂRE NUIT. Mon genou est Ă la limite de la rupture mais je mâen fiche, jâavance trĂšs bien et je le sais maintenant je serai Finisher de la Diagonale des y a une sorte de relĂąchement gĂ©nĂ©ral des coureurs dans cette montĂ©e, beaucoup de gens se parlent, sourient, sâencouragent pour les derniers kilomĂštres. Ăa monte mais sur un large chemin sans aucune difficultĂ©. Nous passons mĂȘme sur une route qui monte puis descend pendant 1 ou 2 km. Pour lâanecdote, mon sac sâest complĂštement ouvert sur cette route, je lâavais mal fermĂ© en rangeant ma batterie montons un dernier gros morceau assez raide de 3 km dans de la terre rouge boueuse en direction du Colorado. Jâavale un dernier doliprane car la douleur de mon genou devient presque insupportable. Jâai le droit ça fait 4h que je suis parti de la Possession ! Jâai un peu peur pour la derniĂšre grande descente qui mĂšne Ă Saint-Denis, mais jâirai en rampant sâil le faut. AprĂšs cette derniĂšre montĂ©e du Grand Raid, nous arrivons au ravitaillement du Colorado. Le â 164 KM 9862 D+Depuis La Possession 9,7 km / 831 d+Temps de course 574119Il est 7h41 du matin. Je nâai pas envie de rester longtemps ici. Je nâai quâune hĂąte arriver au plus vite pour aller chercher la mĂ©daille. Il y a des pains au chocolat au ravito, petit dĂ©jeuner de de ils ne sortent pas du four ce sont des sachets mais ça change de la soupe aux vermicelles que lâon sâest mangĂ© pendant 3 jours. Jâattrape un verre de ThĂ© que je bois presque cul sec et je file dans la descente qui sâannonce cauchemardesque dĂšs le dĂ©part. Mon genou me hurle dâarrĂȘter les frais et je lui impose une descente de lâextrĂȘme de 600 est au rendez-vous dans cette descente de la boue, des racines bien glissantes, des cailloux, des rochers. 4 km et câest la fin. Câest le bouquet long 4 km de descente dans des conditions pareilles avec plus de 9000 d- dans les de la derniĂšre fois jâactive le mode Blaise Matuidi, cette fois pas pour le cĂŽtĂ© guerrier mais pour les grands gestes des bras que je me vois effectuer Ă chaque passage dĂ©licat. Aucune Ă©lĂ©gance ! Ăa nâen finit pas. Je mâaide de mes mains pour passer les virages compliquĂ©s, et je revois tous les copains que jâai doublĂ©s 8 km plus tĂŽt dans la montĂ©e du Colorado qui me passent devant sans aucune difficultĂ©. Jâai pris lâhabitude je suis jâaperçois Saint-Denis, et jâentends mĂȘme la musique qui Ă©mane du Stade de la Redoute. Ăa sent bon. Mais le ciel en dĂ©cide autrement et dans ce qui semble ĂȘtre une ultime tentative de dĂ©stabilisation, lĂąche des trombes dâeau rendant ainsi la descente boueuse et la roche glissante⊠âNon je ne sortirai pas la veste si câest ce que tu veuxâ. Au bout de quelques minutes le ciel capitule; rien nây fera je serai finisher, tu ne peux plus rien pour dâen haut jâaperçois enfin le stade de la redoute. Le soleil re-pointe le bout de son pointage dans la descente et jâaccĂ©lĂšre le pas dans les virages, je me remets Ă courir et Ă sauter pour passer les roches. Jâentends âALLEZ MON TITI !â Mon pĂšre est Ă quelques mĂštres plus terminons tous les 2 les quelques mĂštres qui nous permettent de sortir une bonne fois pour toute de la montagne au bout dâenviron 1h30 de descente.âLa redoute câest Ă 500 mĂštresâ, mâannonce-t-on sur le bord du chemin. Du plat ! TerminĂ© la montĂ©e, terminĂ© la descente. Il reste 500 mĂštres et câest la fin. Je nâai plus AUCUNE douleur. Je cours, pas trĂšs vite mais un petit 9 km/h sans problĂšme. PlutĂŽt pas mal aprĂšs 59h dâeffort. Un petit chemin tracĂ© nous emmĂšne tout droit au stade de la redoute, il y a beaucoup de monde en bas. âBRAVO THIBAULTâ ! âALLEZ THIBAULT TU LâAS FAITâ. Nombreuses sont ces petites phrases qui viennent dâinconnus et qui font et ont fait un bien fou pendant toute la course. JâaccĂ©lĂšre tant bien que mon mal, mon pĂšre me suit derriĂšre en camĂ©ra embarquĂ©eâŠĂa va trop vite. Tout dĂ©file dans ma tĂȘte La volontĂ© de faire quelque chose de cette annĂ©e 2018, la premiĂšre sortie de la prĂ©paration par -6°C avec le nez en sang Ă cause du froid, lâinscription Ă lâĂcotrail sur un coup de tĂȘte un soir de dĂ©cembre, puis celle Ă la Diagonale un soir de FĂ©vrier, la premiĂšre rando-course de 42 km Ă Meudon, la deuxiĂšme vendredi soir dans le Bois de Boulogne Ă faire des rencontres nĂ©buleuses pendant que les copains sont au bar, les sorties dans les rues de Paris gelĂ©es par la neige, les escaliers de Montmartre de 37 m d+/d- que je montais 12 Ă 25 fois de suite pour faire entre 500 et 1000 de dĂ©nivelĂ©, la cuve sur le bas cĂŽtĂ© de lâavenue de Gravelle Ă Vincennes, les Buttes Chaumont, le parcours de 12 km des Alpes Mancelles qui ressemble Ă un petit dinosaure sur Strava, les 150 fois oĂč jâai refusĂ© une biĂšre avec les copains, les 80 km de boue de lâĂcotrail, le tendon qui se dĂ©chire au 40Ăšme, la hargne de finir sur les 40 autres, la convalescence pendant 5 semaines, les 81 km de Saint-MalĂŽ-du-Bois la semaine qui suit, lâarrivĂ©e sans mĂ©daille, les nombreuses sorties sous les trombes dâeau, la grosse blessure en Mai qui remet tout en cause, les examens mĂ©dicaux Ă nâen plus finir, IRM, radio, Ă©cho, les sĂ©ance de kinĂ©, dâultrason, dâosthĂ©o, de cryo. Les autres blessures qui sâenchaĂźnent. Les sĂ©ances avec la genouillĂšre, puis les essais sans. La viande des grisons, le blanc de boulet, le riz et le blĂ© le midi, les pĂątes, les pomme de terre le soir, les flocons dâavoine le matin. Les sorties vĂ©lo dans les routes de campagnes Sarthoises, et toutes celles chez âKeep Coolâ aprĂšs le boulot. Tous les soirs entre 30 et 50 km. Lâexcercice âabdos difficileâ de 14 minutes 3â4 fois par semaine, les heures de gainage, de proprioception sur la planche en bois ou sur la demi sphĂšre. Le week-end choc Ă PrĂ©failles, la dĂ©chirure du mollet dans la foulĂ©e. Ne plus pouvoir courir, ne plus vouloir courir. Se remettre, et voir le deuxiĂšme genou lĂącher Ă 6 moins de semaines de la course. Compter les jours, se rassurer. Les 25 bosses de Fontainebleau, ça tient. Toutes ces sorties, toutes celles auxquelles je ne pense plus. Je repense Ă tout ça, en quelques secondes. Jâai un sourire jusquâaux oreilles en repensant Ă tout ça. Tu vas le faire mon pote. Sur ma montre ça vibre, mes amis se demandent quand je vais arriver. Jâarrive les amis ! Jâ 21 Octobre, 9h24 Jâentre dans le petit couloir qui mĂšne Ă la redoute. Câest mon moment. Cette terre battue rouge, ce dernier virage Ă droite et cette arche Ă 100 mĂštres je les ai vues et revues 100 fois sur les vidĂ©os. Je me suis vu dessus des milliers de fois. Jây suis. Ăa va trop vite, tout est flou, il faut regarder partout. Les supporters applaudissent, le micro du speaker annonce mon arrivĂ©e. Dans le dernier virage je pousse un hurlement de rage comme pour dire âtu lâas fait bonhomme, tu es immenseâ. Allez profite putain !Je suis sur la derniĂšre ligne droite, les larmes me viennent. Je les ai retenues depuis plusieurs kilomĂštres mais lĂ je nâai plus aucune raison de les retenir. Les 2 photographes sont Ă 50 mĂštres sous leur parasol. Je lĂšve les bras Ă la façon de Zidane aprĂšs son penalty contre lâItalie en quart de finale de la coupe du monde pĂšre est derriĂšre et semble immortaliser ce moment de dos. Et je montre ma tĂȘte avec mes 2 doigts pour montrer que je suis allĂ© le chercher loin lĂ haut. Loin de me douter que la cĂ©lĂ©bration ressemble fortement Ă celle de Memphis Depay⊠Et merde. Faire 168 bornes pour cĂ©lĂ©brer comme un Lyonnais il fallait le faire ! Non, cette cĂ©lĂ©bration câest la mienne, il nâa rien fait franchis la ligne dâarrivĂ©e au bout de 59 heures, 24 minutes et 28 secondes. Ăchec et mat. Le fou a traversĂ© sa diagonale et ne lui a laissĂ© aucune chance. Putain, câest REDOUTE â 168,6 KM 9862 D+ â Bon jâai 175 Ă la montre mais câest pas 1701Ăšme 539Ăšme sĂ©nior hommeLien strava la ligne dâarrivĂ©e, je mâĂ©croule sur les genoux. Laura et Maman me sautant dans les bras et mon pĂšre nous rejoint dans la foulĂ©e. Câest un moment dont je me souviendrai toute ma me remet la belle mĂ©daille et le cĂ©lĂšbre t-shirt âJâAI SURVĂCUâ.Je mâempresse de me libĂ©rer mon sac, ça fait 60 heures que je traine 4 kg sur les Ă©paules. JâenlĂšve mon dossard, mes chaussures, mes chaussettes, mon t-shirt⊠Le soulagement extrĂȘme. Jâai un sentiment de libĂ©ration absolu. Les vĂȘtements secs que jâenfile sont sidoux et confortables. Je suis un peu dĂ©calquĂ© mais je file manger mon repas chaud offert par lâorganisation. Pas de surprise, du riz, du rougail saucisse, des pĂątes et du poulet ! Un dernier ravito en soiâŠEn me servant Ă manger je fais une rencontre extraordinaire, celle dâAlix K/Bidi. Câest un local, il doit avoir plus de 65 ans et est dâune gentillesse le reconnais car je lâai vu sur une vidĂ©o de RĂ©union la 1Ăšre le TF1 Français 2 semaines avant la course en train de prĂ©senter une partie de la course reportage ici K/Bidi reportage de RĂ©union la 1ĂšreCâest un personnage Alix. Il en est Ă sa 12Ăšme participation consĂ©cutive... Quel courage. Il me fĂ©licite chaleureusement pour mon exploit. Avant de partir je lui demande âComment tu fais pour revenir tous les ans en sachant ce qui nous attend ? - Câest la passion dâĂȘtre en montagne. Le Grand Raid nous offre des paysages que tu ne verras nul part ailleurs, câest ici que jâai envie dâ se regarde longuement, on se serre chaleureusement la main et je mâen vais prendre mon repas. Mon pĂšre mâapporte une biĂšre⊠AprĂšs 3 nuits blanches, tant dâeffort et des semaines sans alcool je me demande bien si câest une bonne idĂ©e. Mais merde, profite. Il est peut ĂȘtre 9h30, il doit faire 30 degrĂ©s dĂ©jĂ . Tu lâas mĂ©ritĂ©e. Je pense que câĂ©tait la meilleure biĂšre de ma table je suis Ă cĂŽtĂ© dâun homme dâenviron 35 ans. Je nâai malheureusement ni son nom ni son dossard, mais jâai passĂ© un super moment avec lui. Il est arrivĂ© la veille en 44h il me semble costaud, et on a passĂ© une trentaine de minute Ă se chambrer et Ă rire. Il vient de Grenoble et a dĂ©jĂ fait 4 fois lâUT4M. Câest un bon le me prĂ©vient aussi de ne pas mâinquiĂ©ter, que mes pieds vont gonfler dans les prochains jours et que câest parfaitement normal. Et il ne sâest pas trompé⊠Merci de mâavoir prĂ©venu car câest assez flippant. Si tu te reconnais, nâhĂ©site pas Ă te manifester ! Je serais ravi de refaire une course avec toi un de ces 4. Avant de quitter le stade de la redoute, je suis obligĂ© de faire un passage par les kinĂ©s et les podologues. Je dois absolument soigner les ampoules que jâai aux Ă Sans Souci, il nây a pas dâattente. Mais je retrouve 1 des 2 podologues qui mâavait soignĂ© la veille. Elle se souvient bien de moi on avait beaucoup ri. Je lui fais un clin dâoeil en disant âTu mâas pourri les pieds, jâai souffert sur les 50 kmâ- Oui mais tu es arrivĂ© hein !La podologue qui sâoccupe de moi semble avoir de la bouteille et nâa peur de rien. Elle retire mes chaussures. Je mâexcuse par avance pour lâimage qui va suivre mais je me dois de montrer Ă quoi ressemblent des jambes et des pieds aprĂšs 168 km, 10 000 m de dĂ©nivelĂ© et 59h24 pour les parcourir. Ăa fait partie du vous rassure, Ă lâheure oĂč jâĂ©cris 10 jours aprĂšs lâarrivĂ©e mes pieds sont au max, mĂȘme si je nâai pas encore retrouvĂ© toute la sensibilitĂ© de mes 2 gros orteils. Câest en bonne voie !Pour soigner les ampoules il nây a pas 12 façons de faire. Scalpel, seringue, dĂ©sinfectant et on fait sĂ©cher Ă lâair libre. Et faire des bassines de dĂ©sinfectant 2 fois par jour Ă ce stade !Je la remercie chaudement pour son aide et enchaĂźne avec les kinĂ©s. 3 jeunes filles pour moi tout seul ! Elles sont souriantes et efficaces, mais sans le savoir, elles mâont donnĂ© une leçon de trail. Jâai compris pourquoi les traileurs se rasaient les jambesâŠVous voyez ces 2 gros strapping sur la photo ci-dessous, imaginez ce que je peux ressentir quand elles essaient de les arracher sachant quâils font 15 fois le tour de la jambe ? Je littĂ©ralement hurlĂ© sous la tente des kinĂ©s. Ăa les fait beaucoup rire. âAh bah tu vois ce quâon ressent tous les mois quand on sâĂ©pile nous ?â. - Non lĂ câest la peau que vous arrachez ! La podologue qui mâa soignĂ© arrive tout doucement avec son petit tube dâĂ©ther et dit âVous voulez pas dĂ©coller avec ça ?â - SI SI SI SI MOI JE VEUX !Oui lâĂ©ther permet de retirer un pansement ou un bandage sans douleur. Elle lâa fait pour retirer le bandage de mes pieds. Elle arrive un peu tard mais ça mâĂ©pargnera quelques poils restants sur ma cuisse. Heureusement jâai le luxe de me faire masser les 2 jambes qui sont plutĂŽt en bon Ă©tat Ă part les bandelettes sur le cĂŽtĂ© des cuisses qui sifflent. Je suis dâailleurs Ă©tonnĂ© de mon Ă©tat musculaire qui est excellent. Surtout aprĂšs les problĂšmes rencontrĂ©s pendant la prĂ©paration notamment aux mollets. Les heures de renforcement et de vĂ©lo nâont pas Ă©tĂ© faites en comptais refaire un strapping pour la tendinite mais lâĂ©pisode dĂ©pilatoire mâen a dissuadĂ©. Nous repartons du stade, je le regarde comme si câĂ©tait la derniĂšre Grand Raid touche Ă sa fin, il est lâheure dâaller jours plus tardâŠSi je devais rĂ©sumer la course, TOUT est compliquĂ©, Ă chaque seconde. Câest un enchainement de piĂšges, une course sur mesure conçue pour briser les Ă©gos et les corps. Champion du monde ou pas, quiconque se prĂ©sente sur la ligne de dĂ©part nâa aucune garantie de la finir. Comme le dit si bien François DâHaĂšne 4 victoires au GR Ă chaque participation âchaque annĂ©e, on ne sait pas Ă quelle sauce on va ĂȘtre mangĂ© â, ce qui reflĂšte bien lâhumilitĂ© quâil faut dans ce Guillon et Nathalie Mauclair, les 2 champions qui mâavaient donnĂ© des conseils avant la course ont tous les 2 vĂ©cu une course difficile. Antoine a chutĂ© Ă Marla ce qui lâa handicapĂ© pour tout le reste de la course mais termine tout de mĂȘme Ă une trĂšs belle 4Ăšme place ! Bravo Ă lui. Nathalie qui a remportĂ© lâĂ©preuve Ă 2 reprises a Ă©tĂ© contrainte dâabandonner au dĂ©but du Sentir du TaĂŻbit Ă cause de douleurs 2 mâont envoyĂ© un message pour me fĂ©liciter. Ăa fait chaud au nây a que dans ce sport que les champions du monde gardent les pieds sur terre et sont aussi accessibles.âCela fait presque 2 semaines que lâaventure sâest achevĂ©e et jâai beaucoup de mal Ă redescendre sur terre. Je nâarrive pas encore Ă rĂ©aliser. Il y a trop dâinformations, trop de difficultĂ©s, trop de pensĂ©es, trop dâimages, de moments forts, de kilomĂštres, pour que le cerveau puisse digĂ©rer tout cela et en faire un film digeste. Le disque dur sature naturellement. Beaucoup attendaient mon retour pour que je leur raconte ce que jâavais traversĂ©, mais force est de constater que câest impossible. Il est impossible de rĂ©sumer autant de temps en quelques minutes. Donc jâai essayĂ© de lâĂ©crire, pour moi, et pour ceux qui mâont suivi avec intĂ©rĂȘt. MĂȘme si le seul et unique moyen pour comprendre ce que jâai traversĂ©, câest de le vivre et un rĂ©flexe que beaucoup ont, câest dâavoir tendance Ă sâarrĂȘter sur la course en elle-mĂȘme. âTu as couru 59h ! Câest oufâ. Oui, 59h et 3 nuits, câest le temps qui passe entre le moment oĂč vous partez du bureau le vendredi soir, et le moment oĂč vous vous rĂ©veillez le lundi matin. Mais en rĂ©alitĂ© il faut remonter bien plus loin. Les 59 heures sont lâaboutissement de jours, de semaines et de mois dâentraĂźnements intensifs avec tous les Ă©tats psychologiques qui vont avec. Je ne sais pas quel est le seuil de prĂ©paration et de sacrifices nĂ©cessaire pouvoir prĂ©tendre Ă finir cette Ă©preuve, ni jusquâoĂč les heures passĂ©es Ă courir dehors, Ă faire du vĂ©lo, du renforcement musculaire, Ă manger sainement, Ă ne pas boire, sont payantes. Ce nâest malheureusement pas quantifiable, mais il faut le faire pour mettre toutes les chances de son cĂŽtĂ© puisque mĂȘme ĂȘtre prĂȘt Ă 1000% nâest pas une garantie pour terminer. Il faut en plus faire la course parfaite. Je me souviens avoir chutĂ© une fois, je ne sais plus oĂč ni comment, juste mâĂȘtre rattrapĂ© de justesse. Mes chevilles sont parties en vrille au moins une centaine de fois, peut-ĂȘtre 200 ou 300 mĂȘme. Bref, tout ça pour dire que jâaurais pu ĂȘtre arrĂȘtĂ© nâimporte quâon se dise les choses comme elles le sont, jâai Ă©tĂ© un kamikaze de mâinscrire Ă cette Ă©preuve en nâayant ni les points pour la faire, ni mĂȘme la connaissance de ce quâĂ©tait un trail. Juste avec un simple petit marathon dans les jambes 1 an et demi auparavant⊠Jâen suis pleinement conscient. Je ne recommande cela Ă personne car quelque part, on force le cours des choses et on brusque son corps et sa tĂȘte. On se met un peu en danger aussi. Moi je lâai fait car je ne doutais pas de moi. Jâavais conscience de mes aptitudes physiques et mentales, Ă entreprendre quelque chose et lâamener au maximum. Heureusement que les 2 courses de 80 km qualificatives que jâai faites en 6 semaines se sont bien passĂ©es car je me serais retrouvĂ© avec un billet pour la RĂ©union et un dossard que je nâaurais pas pu porter. Jâaurais eu lâair vrai piĂšge Ă Ă©viter est de banaliser cette Ă©preuve. Elle est loin dâĂȘtre accessible par tout le monde et je le dis en toute humilitĂ© et surtout en connaissance de cause maintenant. Elle nâest pas la plus dure du monde par hasard sur ce format. Mais si toutefois vous vous sentez dây aller, que vous avez les ressources physiques, mentales, et la dose dâinconscience quâil faut, allez-y les yeux fermĂ©s car câest la plus belle chose que vous vous raconterez maintenant ?Pendant tout la prĂ©paration, je voyais cette Ă©preuve une fin en soi; comme ma retraite dâune carriĂšre aussi courte quâintense dans ce sport. Partir tout en haut, comme Deschamps. Juste avant la course, jâaurais presque jurĂ© de mâarrĂȘter aprĂšs. Je pensais que je serai dĂ©goĂ»tĂ© aprĂšs lâĂ©preuve, mais Ă©trangement je ne le suis pas du tout. Comme me lâa si bien dit Alexandre Boucheix Casquette verte câest sĂ»rement que jâai rĂ©ussi ma course et mon aprĂšs course. Lui aussi aura Ă©tĂ© prĂ©cieux dans les conseils de une des choses que je me suis rĂ©pĂ©tĂ©e de nombreuses fois pendant la course câest âva au bout car vu le massacre, câest hors de question que tu remettes les pieds iciâ. Et finalement, je pense que jây reviendrai un jour. Pas lâannĂ©e prochaine, peut-ĂȘtre pas celle dâaprĂšs, mais plus tard. Plus vieux peut-ĂȘtre. Câest encourageant de constater que lâon a encore des ressources malgrĂ© une telle Ă©preuve. On se sent vivant, en forme, bien dans sa tĂȘte et son aussi envie dâen faire dâautres, des diffĂ©rentes et jâen ai quelques unes en tĂȘte que je garde pour moi pour le moment. Pas forcĂ©ment aussi dure il nây en a plus beaucoup de toute façon, mais dâautres formats, dâautres terrains. Je sais que jâai une belle marge de progression. Jâai pris une grosse leçon en descente. On parle toujours de la difficultĂ© de la montĂ©e mais la descente est bien pire. Prendre 10 000 mĂštres de dĂ©nivelĂ© nĂ©gatif en si peu de temps⊠câest si ça se trouve je vais ranger les chaussures et me mettre au golf. Ăa plairait bien Ă ma mĂšre ça⊠Ou peut-ĂȘtre continuer ET jouer au golf. Je vais reposer ma tĂȘte et mes jambes, et me laisser le temps pour bientĂŽt pour de nouvelles Ă mes parents, Ă Laura, Ă Patrick pour leur patience, leur assistance en or, les km parcourus pour rejoindre certains points de passage et leur soutien. Merci Ă tous ceux qui me suivent depuis le premier jour, mes amis. Merci Ă ceux qui mâont Ă©crit avant, pendant et aprĂšs la vous avez aimĂ© cette histoire nâhĂ©sitez pas Ă dĂ©couvrir ma derniĂšre course en Arabie Saoudite, en vidĂ©o ici et Ă vous abonner Ă la chaĂźne.
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